«J'avais été marginalisé par les instances qui étaient censées promouvoir la culture algérienne. La preuve, je n'ai jamais été sollicité pour participer aux évènements musicaux», confie cet artiste phare des années 1980. Célèbre par des titres comme Zourini(1986) ou encore Ya Loulid, (1987) le chanteur Khaled Barkat est en phase de marquer son retour sur la scène musicale algérienne par un nouvel album intitulé Ch'hal, dont la sortie est prévue pour le mois de mars. Constitué de neuf titres, l'album de cet artiste discret mais passionné reflète une sensibilité à fleur de peau, de par les thèmes abordés et grâce à la sincérité de la voix du chanteur, à la fois rebelle et mélancolique. «Cet album évoque des thèmes de la vie, pose des questionnements existentiels, le mal et le bien, les parents et l'amour au sens large du terme. Il représente pour moi une sorte d'autoexorcisme, car quand on reçoit beaucoup de coups (dans la vie) et qu'on n'est pas le genre de personne à se plaindre, on finit par s'en vouloir à soi-même, donc on doit absolument trouver une solution à cette situation» confie Khaled Barkat. A consonance transmaghrébine et méditerranéenne, l ‘album mêle plusieurs influences musicales et traduit les aspirations de son auteur. A son image, il décline un ressentiment de paix et tendresse mais aussi de nostalgie et de raffinement. A son écoute, l'auditeur sera bercé par des notes de musique andalouse mais aussi emporté par des rythmes occidentaux et orientaux. «J'ai vécu mon enfance à El Harrach (Alger) où j'écoutais beaucoup de musique chaâbi. J'ai passé près de huit ans à Tlemcen. Cette ville m'a permis de découvrir la musique andalouse, mais en même temps j'avais dans l'oreille, les musiques occidentale et orientale que diffusait la radio. Donc mon nouvel album comprend toute cette combinaison», explique-t-il. Et d'évoquer sa traversée du désert: «Je me suis retiré car, tout simplement, je n'avais plus de place. J'avais été marginalisé par les instances qui étaient censées promouvoir la culture algérienne. La preuve, je n'ai jamais été sollicité pour participer aux évènements musicaux. Ici on étouffe la création artistique.» Et de préciser: «J'ai fait cet album pour moi-même, mais bien sûr, il y a une envie de partage.» Absent de la scène musicale, néanmoins Khaled Barkat s'était plus investi ces dernières années à explorer l'univers de la musique de film et documentaire, estimant que cette expérience lui a permis de connaître ses «limites» car, fait-il remarquer, «la musique d'un film est plus difficile à composer que celle d'une chanson». Khaled Barkat s'est distingué aussi dans le 7e art en s'illustrant dans la peau d'un débile du village comme acteur dans le film de Mohamed Chouikh, La Citadelle (1988) et dans Youcef (1991)du même réalisateur en tant que compositeur de la musique. L'artiste des années 1980 avait pourtant marqué son retour sur scène en 2004, non en tant que chanteur cette fois, mais comme comédien et metteur en scène. Une audace qui ne lui a pas porté chance mais plutôt un succès mitigé et ce, en inventant l'histoire d'une comédie plutôt dramatique dévoilant les péripéties d'un chef d'orchestre acculé par le mauvais sort, à la déchéance. Après une courte éclipse, il entamera son comme back au mois de mars. Il espère renouer avec son public par ce nouvel album pour lequel un show case est prévu prochainement à Alger, quelques jours avant sa sortie sur le marché. Après une vingtaine d'années d'absence, l'artiste renouera avec son public. Nous lui souhaitons beaucoup de chance!