Le 4 juin 2009, Barack Obama avait appelé lors de ce discours historique à un «nouveau départ» dans la relation entre les Etats-Unis et le monde musulman. Les espoirs soulevés par la nouvelle approche de l'administration Obama à l'égard des musulmans ont cédé la place à la frustration en raison de l'enlisement du processus de paix au Proche-Orient, ont estimé hier des participants au forum Islam/Etats-Unis. «L'optimisme et l'espoir» provoqués par ce discours au Proche-Orient, prononcé au Caire, ont «commencé à s'amenuiser», a estimé l'universitaire américain d'origine arabe Shibley Telhami, lors d'une table ronde organisée dans le cadre de ce forum à Doha. Le 4 juin 2009, Barack Obama avait appelé lors de ce discours historique à un «nouveau départ» dans la relation entre les Etats-Unis et le monde musulman, rompant avec la politique de son prédécesseur George W.Bush. Selon M.Telhami, qui conduit régulièrement des sondages d'opinion, «la frustration à l'égard de l'administration Obama dans le monde arabe», au cours des derniers mois est, notamment liée à l'absence de progrès dans la résolution du conflit israélo-palestinien. «L'élection de Barack Obama a eu un impact positif énorme» dans le monde arabe, a pour sa part estimé l'universitaire et ancien diplomate égyptien Nabil Fahmy, au cours de la table ronde. Mais «les positions adoptées depuis le discours du Caire ont été décevantes», a-t-il ajouté, évoquant notamment le fait que l'administration américaine a «fait marche arrière sur la question des implantations juives dans les territoires palestiniens». M.Obama avait réitéré samedi, dans un message vidéo retransmis à l'ouverture de cette septième édition du Forum, son engagement à oeuvrer pour une solution au Proche-Orient «basée sur deux Etats», israélien et palestinien. Il avait aussi annoncé la nomination d'un émissaire spécial auprès de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) qui regroupe 57 pays musulmans. «Huit mois ont seulement passé depuis (l'annonce) du Caire et beaucoup reste à faire. Mais je pense que nous avons jeté les bases en vue de traduire les engagements dans les faits», a dit le président américain dans son message. Mais pour l'activiste égyptien et défenseur des droits de l'Homme Saâdeddine Ibrahim, «il y a eu une grande déception dans le monde arabe» vis-à-vis du président Obama. «Les gens s'attendaient à une action qui suivrait le discours d'Obama» et «surtout à ce que le président américain fasse pression sur les Israéliens, ce qu'il n'a pas fait», a-t-il poursuivi. «Les Etats-Unis ont pris quelques décisions, comme la nomination de l'émissaire pour le Proche-Orient George Mitchell, mais cela n'a pas produit de résultats», a-t-il encore dit. M.Mitchell a achevé fin janvier une série de rencontres avec les Israéliens et les Palestiniens au cours desquelles il a présenté une nouvelle initiative pour les rapprocher.