Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a accusé lundi soir Berne de «prendre en otage tous les pays de l'espace Schengen» après sa décision, selon un journal de Tripoli, d'interdire l'accès à son territoire à 188 personnalités libyennes. La Suisse doit «résoudre une question bilatérale», mais «pas aux dépens de Tous», a ajouté M.Frattini sur Sky TG24. Il a dit avoir souligné auprès de la Suisse «la délicatesse» de la situation. Un peu plus tôt dans la journée de lundi, son ministère avait déconseillé aux ressortissants italiens les voyages en Libye à la suite de la décision surprise de ce pays de ne plus accorder de visas d'entrée aux citoyens de l'espace Schengen. Selon un journal libyen, la décision de Tripoli serait une réaction à une interdiction d'accès au territoire helvétique décrétée par la Suisse à l'encontre de 188 responsables libyens, dont le guide Mouamar El Gueddafi. M.Frattini a déploré que la Suisse ait, selon lui, «inséré dans sa black-list non pas des auteurs de délits ou des personnes dangereuses et recherchées comme le prévoit l'accord de Schengen, mais même le leader El Gueddafi ou le ministre des Affaires étrangères». La Suisse est membre de Schengen, l'espace sans frontières créé au sein de l'UE, depuis le 12 décembre 2008. La crise entre la Libye et la Suisse a été provoquée par l'interpellation musclée, en juillet 2008, à Genève d'un des fils de M.El Gueddafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements. Tripoli retient toujours deux ressortissants suisses qu'elle avait accusés de «séjour illégal» et d'«exercice d'activités économiques illégales». L'Union européenne a déploré «la décision unilatérale» de Tripoli et étudiait une «réaction appropriée». L'Italie et la Libye, son ancienne colonie, entretiennent de très bonnes relations: en août 2008, les deux pays ont signé un traité d'amitié, et en juin Mouamar El Gueddafi a effectué une visite historique à Rome.