La toxicomanie, habitude morbide d'absorber des drogues, des substances pouvant entraîner un état de dépendance psychique ou physique, est-elle une maladie ou une déviance ? C'est la question centrale à laquelle tenteront de répondre des experts algériens, tunisiens et français, réunis aujourd'hui à l'université Sâad-Dahleb de Blida dans le cadre d'une rencontre internationale qu'organise le service de prévention et de soins aux toxicomanes que dirige le Pr Bachir Ridouh. Une dizaine de communications portant notamment sur la dépendance aux psychotropes et la pénalisation de leur usage seront présentées lors de cette manifestation scientifique. “Avec la loi de 2004, le législateur hésite entre toxicomanie coupable et toxicomanie malade. Sa préférence penche implicitement vers la maladie et prévoit des mesures d'assistance pour les usagers de la drogue”, souligne le Pr Ridouh. Selon la loi algérienne, le risque pénal est tempéré, il constitue l'injonction thérapeutique. Cette nouvelle procédure, appliquée actuellement dans tous les tribunaux du pays, suspend les poursuites judiciaires pour permettre aux prévenus de bénéficier d'un traitement sanitaire. Selon Bachir Ridouh, la toxicomanie n'est pas un phénomène récent. “Depuis le début de l'humanité, l'homme a utilisé des produits modificateurs de conscience pour provoquer en lui un état de plaisir, apaiser ses tensions, soulager sa douleur, faciliter son sommeil ou stimuler son énergie”, précise-t-il. En Algérie, en revanche, le phénomène de la consommation des drogues et des toxicomanies est relativement récent, mais le trafic et la consommation de la drogue ont connu une hausse explosive chez les jeunes au cours de ces dernières années, selon des études officielles. Des toxicomanes ont même avoué avoir consommé de la cocaïne et de l'héroïne en Algérie. Cette situation inquiète au plus haut point les professionnels de la santé, le mouvement associatif et les pouvoirs publics. “Alger n'est pas Amsterdam. Mais, Amsterdam a débuté comme Alger”, ne cesse de répéter le Pr Ridouh, pour mettre en garde contre la toxicomanie R. Benkaci