Les prix de la limonade, du jus, du café, des gâteaux ont tous connu une hausse. Conséquence de la flambée du prix du sucre sur le marché mondial, les prix des produits fabriqués à base de sucre ont connu diverses augmentations. Une virée sur le terrain confirme que les prix continuent allègrement leur ascension notamment en ce qui concerne le café et le sucre. A titre d'exemple, la bouteille d'1 litre de limonade du doyen Hamoud Boualem a augmenté de 30%, passant de 30 à 40 DA. Il avait tenu le «coup» honnêtement jusqu'à épuisement de ses stocks de sucre payé à des prix inférieurs. Toutes les autres limonades, selon un épicier de Kouba, ont subi une hausse, suivies des produits pâtissiers. Bien que n'étant pas confectionné avec du sucre, le prix du croissant chez le boulanger passe de 10 DA à 15 DA à cause de la hausse de la margarine dont le prix est passé de 1060 DA le carton de 10 kg à 1100 DA. Une hausse relativement minime mais dont la répercussion sur le prix du croissant est de 5%. Un boulanger-pâtissier de Kouba regrette qu'il devra augmenter sensiblement le prix de ses pâtisseries au vu de l'augmentation du prix du sucre en gros. Chez le détaillant, il est passé de 75 DA en 2009 à 100 DA/kg aujourd'hui. Effet boule de neige, certains cafetiers comptent, dans les quinze jours à venir, augmenter le prix de la tasse de café de 5 DA, passant ainsi de 20 à 25 DA. Ce qui devrait se répercuter sur le chiffre d'affaires de beaucoup d'opérateurs du secteur. Aussi, pour y faire face, une hausse des prix de tous les produits dérivés du sucre n'est pas à écarter. Il est, par ailleurs, rapporté que le déficit de la production mondiale de sucre par rapport à la demande devrait atteindre 14,8 millions de tonnes pour la campagne 2009/2010, selon des prévisions d'une maison de courtage londonienne dans son rapport mensuel. Ces révisions à la baisse s'expliquent, principalement, par la réduction des récoltes de canne à sucre «surtout en Asie et en Amérique centrale qui ne produisent pas les niveaux de croissance attendus». Le marché mondial connaîtrait une deuxième année de production insuffisante, après une saison 2008/2009 marquée par un déficit de 15,6 millions/t. En additionnant ces deux années, les stocks mondiaux devraient régresser de 30 millions/t, soit 18% de la consommation mondiale de sucre, précise la même maison de courtage qui ajoute que «les niveaux de stocks sont bas sur presque tous les marchés et l'offre ne va pas être suffisante pour satisfaire la demande et la consommation devrait ainsi connaître une baisse forcée». Le retour à la culture de la betterave sucrière ne serait-il pas un palliatif à cette situation chez nous? sommes-nous tentés de nous interroger. Rappelons que «l'Etat interviendra pour fixer les prix de tous les produits» au vu de l'anarchie qui règne sur le marché. Aussi, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, avait souligné récemment que l'Etat envisageait de revoir le Code du commerce. Le ministre, qui s'exprimait récemment en marge d'une journée d'étude à Alger portant sur le thème «L'intégration de l'Algérie dans le système économique mondial, la contribution de laformation», avait indiqué que «le ministère aura le droit d'intervenir pour fixer les marges bénéficiaires et les prix des produits et services à travers un décret exécutif sur la base de prix et de marges proposés par les secteurs concernés en concertation avec les professionnels et après consultation du Conseil de la concurrence». Avant d'annoncer ce décret en voie d'adoption, Djaâboub avait expliqué que «l'Etat peut intervenir dans la régulation et la fixation des prix des produits stratégiques subventionnés par l'Etat, à savoir le sucre, l'huile, l'eau, la semoule, la farine, le lait, le pain, l'essence, etc.» Une inflation rampante, qui ne dit pas son nom, pénalise la bourse des Algériens. Le citoyen usé et désabusé, ne croit plus aux explications savantes avancées ici et là. En effet, pour lui, les faits sont là. Impitoyables, sans calcul aucun, toujours en train de vider sa besace. Cinq dinars par-ci, cinq autres par-là et le mal-vivre continue...Faut-il toutefois rappeler que les cinq dinars ou la menue monnaie devant être rendue sur les prix, était défalquée d'office par le commerçant qui n'a «jamais» assez de pièces pour le change. «Les banques manquaient de pièces de monnaie, nous disait-on alors!» s'est insurgée une ménagère venue s'approvisionner en café chez le torréfacteur. Aujourd'hui, il est sérieusement à craindre une «explosion» de la population dont les chefs de famille, des salariés «smicards» ou même ceux de la classe moyenne n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Le «ras-le-bol» pourrait s'exprimer violemment si les pouvoirs publics ne réagissent pas concrètement sur le terrain. Le particulier ne connaît pas et ne comprend pas le circuit mondial de commercialisation des matières premières, mais «nous, on subit le diktat des cours mondiaux», souligne un commerçant désabusé par la chute sans fin du pouvoir d'achat du citoyen.