Le sucre «flambe» sur les marchés international et national. Au niveau mondial, les prix du sucre ont atteint ces derniers moins des seuils jamais égalés. En effet, la tonne d'édulcorant blanc a touché les 736,50 dollars à Londres, du jamais-vu depuis plus de vingt ans. Sur le marché new-yorkais, le prix de la livre de sucre roux a dépassé les 0,28 dollars. En un an, les cours y ont plus que doublé, une envolée d'une ampleur inconnue depuis 1974. Pour certains experts et organismes spécialisés tels que la FAO, le cocktail à l'origine de ce renchérissement est connu. Contrairement aux autres produits de base, expliquent-ils, ce n'est pas l'envolée des besoins -en particulier chinois- mais les mauvaises récoltes au Brésil et en Inde qui expliquent pourquoi, depuis deux ans, le monde consomme plus de sucre qu'il n'en produit. En chiffres, les récoltes ont baissé à 155 millions de tonnes sur la campagne 2008-2009, alors que la demande était de 160 millions. La solution envisagée à présent pour faire baisser les prix de ce produit de large consommation est, ajoutent les mêmes sources, d'attendre que les nouvelles surfaces de canne plantées au Brésil arrivent enfin à maturité et fassent bondir la production à partir d'avril-mai. Ce qui signifierait que «les prix record ne pourraient se maintenir plus de quelques mois», analysent-ils. Car, même avec le surplus de stocks de sucre dont dispose l'Union européenne le problème ne pourra pas être réglé. Et pour cause, pendant que les pays émergents s'inquiètent de la pénurie de stocks et que l'Europe a enregistré une production record de sucre l'année écoulée, le surplus ne peut être exporté ailleurs, d'autant que l'Union européenne n'a pas le droit d'exporter plus de 1,3 million de tonnes de sucre par an conformément aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'objectif visé par ce biais était de stopper la concurrence déloyale qui prévalait par le passé. Difficile dès lors de savoir quand l'envolée des cours mondiaux du sucre sera enrayée, estiment les spécialistes européens. Les répercussions d'une telle situation sur le marché algérien n'ont pas tardé à se manifester. En effet, après la hausse des produits maraîchers, des légumes secs et des produits laitiers, la flambée, qui n'a plus vraisemblablement de limite, a touché le sucre. En effet, dans le cas de l'Algérie, la situation n'est pas brillante non plus. Si le sucre ne manque pas à présent sur les étagères, ses différents prix ont connu une courbe ascendante. 100 DA le kilogramme chez le détaillant ! Si la production nationale du sucre qui est actuellement estimée à 950 000 tonnes/an est, certes, destinée au marché national, elle reste insuffisante pour répondre à une demande qui flirte avec 1 million de tonnes/an. Pis, l'objectif avancé l'année dernière qui consiste à faire passer notre pays du statut de pays importateur de sucre à celui d'exportateur en doublant pratiquement sa production qui devrait atteindre, selon les chiffres avancés, près de deux millions de tonnes/an, grâce à l'extension d'une raffinerie d'un groupe privé algérien, n'a pas été réalisé. Le gouvernement est-il en mesure de mettre fin à l'envolée des prix du sucre ? A en croire les dires du ministre du Commerce, aucune mesure rationnelle et concrète n'a été prévue dans ce sens. El Hachemi Djaaboub, s'exprimant le week-end dernier, a fait savoir seulement que cette hausse est due au fait que le cours de ce produit a augmenté de 118% à la Bourse de Londres et que, par conséquent, c'est le prix d'acquisition qui a influé sur celui du marché local, sachant que nous importons 1,2 million de tonnes de sucre/an pour 520 millions de dollars. A propos des quantités de sucre importées et contingentées dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE, soit 150 000 tonnes importées en janvier de France, le ministre a déclaré que le produit sera vendu aux enchères vu l'abus constaté à ce niveau. Un comité interministériel (finances-commerce) planche sur la question, ajoute-t-il plus loin. Telle est en somme la réponse du premier responsable du commerce. Il est utile d'indiquer que toutes les denrées contenant du sucre ont vu leur prix grimper, notamment pour ce qui est de la limonade et diverses boissons sucrées. Par exemple, la bouteille d'un litre de Coca-Cola est passée de 30 à 35 DA, soit une hausse de 12% environ. Les producteurs nationaux de boissons, qui n'ont pas encore franchi le pas, résistent encore, mais pour combien de temps ? Le sucre, pour adoucir notre café matinal ou pour réussir nos fameux gâteaux, est passé allègrement de 60 à 65 puis à 70 DA le kg pour atteindre aisément aujourd'hui les 100 DA/kg, soit une hausse de plus de 20% ! S. B.