Sous le couvert du droit d'ingérence humanitaire, le chef de la diplomatie française s'immisce dans les affaires intérieures de plusieurs pays. «Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est un supplétif de l'administration américaine», a soutenu, hier, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, au cours d'une réunion avec le bureau de la wilaya d'Alger. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères a affirmé que la relation entre la France et l'Algérie sera «peut-être plus simple lorsque la génération de l'Indépendance algérienne ne sera plus au pouvoir». «La génération de l'Indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple», a-t-il ajouté à l'hebdomadaire. Courroucée par ce qu'elle qualifie d'agissement colonialiste, Louisa Hanoune a dressé un lourd réquisitoire contre Bernard Kouchner. «L'intervention de Kouchner est une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays», a-t-elle déclaré, avant de mettre en lumière la situation socioéconomique française qui se «dégrade davantage». «Occupez-vous de vos affaires intérieures», s'est-elle adressée à Kouchner. Sous couvert du droit d'ingérence humanitaire, prôné par ce dernier, la secrétaire générale du PT qualifie Bernard Kouchner de «criminel récidiviste». Pour Louisa Hanoune, le chef de la diplomatie française «est un agitateur politique qui incite à la rébellion civile dans plusieurs Etats, à l'image de l'Iran». «Bernard Kouchner ne représente pas le peuple français. Pour preuve, explique Mme Hanoune, pourquoi ne s'interroge-t-il pas sur le refus du peuple français de voter oui pour la Constitution européenne?» Cette sortie médiatique de Bernard Kouchner risque de froisser davantage les relations algéro-françaises, déjà en froid. La diplomatie française ne rate aucune occasion pour multiplier ses attaques contre l'Algérie. Abordant les scandales financiers, dont plusieurs institutions publiques ont été éclaboussées, l'intervenante a plaidé pour une séparation des pouvoirs. Aussi a-t-elle invité les hautes autorités du pouvoir à une reforme politique du pays. «Le système du parti unique est le seul responsable de la multiplication de la corruption», a-t-elle martelé. Aussi, Mme Hanoune a insisté sur la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, du fait qu'elle est «obsolète». Dans ce sens, a-t-elle ajouté, le PT compte récolter 3 millions signatures pour demander, à la fois, la dissolution de l'APN et la réforme politique du pays. Abordant le front social, notamment la grève des médecins, la secrétaire générale du PT a appelé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à ouvrir les portes du dialogue avec les syndicats de la santé publique. «Ce n'est pas normal que le gouvernement ne négocie pas avec les médecins, l'attitude du gouvernement est inconcevable», fera-t-elle savoir.