Un haut responsable de l'ONU se rendra au Tchad cette semaine, pour inciter le président Idriss Deby à garder sur son sol les Casques bleus chargés de protéger dans son pays et en Centrafrique voisine les civils déplacés par le conflit au Darfour. Alain Le Roy, chef du département de maintien de la paix de l'ONU, tentera de convaincre M.Deby de revenir sur sa demande de retrait rapide de la Mission de l'ONU au Tchad et en Centrafrique (Minurcat). Le mandat de celle-ci expire le 15 mars et M.Deby a demandé qu'il ne soit pas renouvelé par le Conseil de sécurité, estimant que la force est «un échec». Mais le Conseil est peu enclin à retirer, surtout dans la précipitation, une force dont dépend la sécurité de quelque 500.000 civils. Il a exprimé mercredi son soutien à la Minurcat et encouragé la poursuite de négociations avec N'Djamena sur son avenir. La visite de M.Le Roy intervient alors que le Soudan et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour (ouest du Soudan), ont annoncé samedi une trêve. Un accord pour des négociations de paix directes doit être signé mardi à Doha en présence du président soudanais Omar El Bechir et de son homologue tchadien. La Minurcat a été créée en 2007 pour assurer la sécurité des réfugiés et déplacés dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique, deux zones affectées par la guerre au Darfour. Elle est aussi chargée de favoriser le retour volontaire des réfugiés et faciliter l'aide humanitaire. Le 15 mars 2009, elle a pris le relais d'une Force de l'Union européenne pour un mandat d'un an, renouvelable. Elle compte actuellement 2 800 hommes en uniforme (militaires et policiers) et un millier de civils. L'ambassadeur du Tchad à l'ONU, Ahmad Allam-mi, a affirmé mercredi que N'Djamena accepterait le maintien de la composante civile de la Minurcat mais pas de sa composante militaire. Il a argué que les forces tchadiennes étaient en mesure d'assurer elles-mêmes la sécurité des camps et attiré l'attention sur la nouvelle donne née du récent accord de paix entre son pays et le Soudan voisin. M.Allam-mi a précisé que N'Djamena n'exigeait pas un retrait immédiat des troupes onusiennes, mais voulait un compromis entre leur retrait total et une prorogation du mandat de la mission. Un diplomate occidental a indiqué, sous couvert de l'anonymat, que les Tchadiens avaient proposé deux options: le retrait des 2800 hommes en uniforme de la Minurcat d'ici au 21 mai et de la composante civile à une date ultérieure, ou le retrait total de la mission d'ici à juillet. Vendredi, un autre diplomate occidental a déclaré qu'en privé «il y avait des signes selon lesquels (les Tchadiens) pourraient faire preuve de souplesse». Après une séance au Conseil de sécurité mercredi, M.Le Roy avait estimé que le retrait des soldats de la Minurcat n'était pas envisageable. Les deux voisins, qui ont récemment entrepris un processus de normalisation de leurs relations, ont eu des rapports très tendus ces dernières années. N'Djamena accusait Khartoum de soutenir les rebelles tchadiens cherchant à renverser son gouvernement et le Soudan reprochait au Tchad d'appuyer les rebelles du Darfour.