Alors que tous les pays intensifient leur coopération pour lutter contre ce fléau transfrontalier, le Quai d'Orsay a exigé du Mali la libération de terroristes. La France continue «sa guerre» contre l'Algérie. A peine Paris déterre-t-il un dossier «anti-Algérie» qu'un autre ressort des tiroirs de l'Elysée. Les provocations se multiplient mais ne se ressemblent pas. L'affaire du diplomate Hasseni dans le cadre de l'assassinat d'Ali Mecili, l'affaire des moines de Tibhirine, la fameuse liste noire des «pays à risque» où figure l'Algérie, et la dernière sortie du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui demande, indirectement, le départ des dirigeants «novembristes» algériens sont autant de tirs croisés de la France à l'endroit de l'Algérie. Ce n'est pas tout! La France de Sarkozy a même touché à la caisse noire qui fait trembler tous les pays, la France comprise: le terrorisme. Alors que tous les pays intensifient leur coopération pour lutter contre ce fléau transfrontalier, le Quai d'Orsay, lui, a exigé (et obtenu du Mali) la libération de terroristes. L'Elysée a fait pression sur le pouvoir malien afin qu'il se plie au chantage des terroristes visant la libération de quatre islamistes en échange de l'otage français Pierre Camatte. Rien ne compte pour la France que l'esprit machiavélique: «la fin justifie les moyens». C'est ce qu'a, d'ailleurs, affirmé le président français Nicolas Sarkozy qui a crié haut et fort que la libération de l'otage français est une affaire d'Etat qu'il faut résoudre par tous les moyens. Cela n'a pas été des paroles en l'air. Les actes sont là. Personne, excepté les responsables français, n'aurait osé user de tous «les moyens» qui vont jusqu'au paiement de rançon ou pis encore, négocier pour libérer des terroristes. La France a fait le choix de sauver son ressortissant contre la libération de quatre dangereux éléments des groupes islamistes armés qui vont à nouveau semer la terreur dans la région, voire tuer des dizaines d'autres innocents. Voici, donc, la véritable vision française des «normes de sécurité». Et pourtant, la sécurité dans la région sahélo-maghrébine contribue à assurer la stabilité et la sécurité de la rive nord de la Méditerranée. C'est ce que les experts en matière de sécurité affirment. Or, la France demeure toujours dans le collimateur des terroristes. Elle a été maintes fois menacée. Le paradoxe français ne s'arrête pas là. En incluant l'Algérie dans la liste des pays à risque, les responsables français avaient eu cette explication: «C'est une norme de sécurité (...) Nous appliquons des règles de sécurité.» Alors Monsieur Kouchner! la sécurité serait-elle garantie en négociant avec des terroristes? Que deviennent les règles internationales en matière de sécurité? La France vit-elle dans un autre environnement que celui où s'imposent ces principes? Avec une telle attitude, la France cherche à annihiler les efforts de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Ou du moins minorer les efforts que fait l'Algérie pour éradiquer ce fléau. Or, l'expérience algérienne, en matière de lutte contre le terrorisme, est devenue un modèle et une référence pour nombre de pays qui n'hésitent pas à venir s'enquérir à Alger des résultats obtenus par l'Algérie dans sa lutte contre ce fléau. Que reproche, donc, Paris à Alger à ce sujet? La stabilité de l'Algérie dérangerait-elle l'Hexagone? Les rebondissements de la part de Paris interviennent, relèvent les observateurs, au moment où l'Algérie tente de convaincre les Nations unies de condamner le paiement des rançons qui contribuent au financement du terrorisme. A ce propos, l'Algérie a déposé auprès du Conseil de sécurité une motion interdisant le paiement de rançon pour la libération d'otages. Cette initiative bénéficie, notamment, du soutien de nombre de membres permanents du Conseil de sécurité. Certes, on ne peut reprocher à Paris de protéger ses ressortissants et d'instaurer des mesures qui garantissent la sécurité de son territoire, mais que cela ne se fasse pas au détriment d'autres nations et des citoyens des pays où la menace terroriste persiste encore. Deux des quatre islamistes armés libérés par Bamako sous la pression de Paris sont recherchés par l'Algérie depuis des années. Les tirs de Paris ont commencé par l'affaire Hasseni, puis les moines de Tibhirine et aujourd'hui ce sont les dirigeants algériens. Question: que veut au final Paris?