L'Algérie dénonce cette attitude inamicale du gouvernement malien qui a fait fi de la Convention bilatérale de coopération judiciaire, signée par les deux pays. Alger est fâché contre Bamako. La libération par le Mali de terroristes recherchés par l'Algérie, risque d'envenimer les relations diplomatiques entre les deux pays. L'Algérie réagit officiellement et rappelle son ambassadeur à Bamako, Ayadi Nourdine. Tandis que l'ambassadeur du Mali en poste à Alger a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères pour fournir des explications sur la décision de son gouvernement. C'est ce qu'a indiqué hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Cette réaction de la part du gouvernement algérien se veut comme un signe de contestation et d'indignation d'Alger à l'égard de Bamako. «Le gouvernement algérien a décidé de rappeler, pour consultation, son ambassadeur à Bamako», a noté le communiqué. L'Algérie explique sa réaction par le fait que «le gouvernement malien a décidé de procéder à la libération de quatre terroristes qu'il détenait sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et ont purgé leur peine». L'Algérie ne s'est pas contentée du rappel de son ambassadeur, mais elle a tenu à dénoncer fermement la décision du gouvernement malien qui a fini par plier devant le forcing de Paris. L'Elysée, rappelons-le, a envoyé plusieurs émissaires pour presser le président malien, Amadou Toumani Touré, afin qu'il se plie au chantage des terroristes visant la libération de quatre islamistes, dont deux Algériens, en échange de la libération du Français Pierre Camatte, détenu par Al Qaîda au Maghreb islamique. Un pari gagné pour Al Qaîda. Les quatre islamistes armés ont été libérés, alors que l'otage français est toujours entre les mains des ravisseurs. C'est, ainsi, que Paris a créé un incident diplomatique entre Alger et Bamako. Les autorités algériennes estiment qu'une telle décision n'est autre qu'une grave violation des résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies et des engagements bilatéraux. L'Algérie et le Mali ont signé une convention bilatérale de coopération judiciaire en 2009, portant l'extradition des ressortissants poursuivis par la justice algérienne. Bamako vient ainsi de tourner le dos à cette convention. C'est, d'ailleurs, ce que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, n'a pas manqué de souligner dans son communiqué. Le gouvernement algérien «condamne et dénonce avec force cette attitude inamicale du gouvernement malien qui a fait fi de la Convention bilatérale de coopération judiciaire, signée par les deux pays, et au nom de laquelle la demande d'extradition des deux ressortissants algériens, poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes, a été formulée en septembre 2009 et réitérée en février 2010», ajoute-t-on de même source. En plus d'avoir piétiné la Convention bilatérale, le Mali a également violé les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et les engagements régionaux et internationaux. Par la même occasion, Alger qualifie la décision de Bamako de libérer des terroristes recherchés par des pays voisins de dangereuse dans la mesure où elle menace la stabilité de la région du Sahel qui connaît une activité terroriste très dense ainsi qu'une criminalité sous toutes ses formes. C'est «un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste activant dans la région sous la bannière d'Al Qaîda». Soulignons que l'Algérie vient en fait, d'être poignardée dans le dos par les autorités maliennes qui ont préféré s'allier avec la France au détriment d'un pays voisin qui n'a pas hésité à lui apporter son aide lors du conflit touareg.