L'Algérie, le Nigeria, le Koweït, l'Iran, l'Irak, l'Angola et le Venezuela sont secoués par cette malédiction. Les agitations internes qui marquent, ces derniers temps, la plupart des pays exportateurs de pétrole, risquent de fragiliser les capacités de l'Opep à répondre à la demande au moment où l'économie mondiale se relève de la récession. De cette situation, la presse anglo-saxonne fait ses choux gras. Ces agitations touchent en premier, les deux principaux détenteurs des plus grandes réserves mondiales de pétrole, l'Iran et l'Irak. Depuis le mois de juin dernier, l'Iran subit un conflit interne né de l'élection au terme de laquelle le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a été réélu à la tête du pays. En effet, les résultats du scrutin ont fait sortir l'opposition dans la rue dénonçant une fraude électorale massive. Si l'on ajoute la pression internationale que subit le régime d'Ahmadinejad pour son projet d'enrichissement d'uranium, c'est la plus grande crise à laquelle fait face l'Iran depuis plus de 30 ans. Entre deux explosions, l'Irak panse ses blessures d'une double guerre, civile et contre les forces alliées. Les élections législatives programmées le 7 mars prochain ne sont pas pour baisser la tension politique et sécuritaire. Des analystes audacieux vont même jusqu'à suggérer un retrait de l'Irak du club des pays exportateurs. Riche émirat pétrolier, le Koweit se relève difficilement d'un chaos institutionnel. Depuis ces trois dernières années, pas moins de cinq gouvernements ont démissionné et deux Assemblées parlementaires ont été dissoutes en raison de querelles entre le pouvoir législatif et l'Exécutif. En Algérie, le secteur de l'énergie traverse un zone de turbulences. Le mastodonte Sonatrach, la société pétrolière du pays, est au coeur d'un scandale de corruption qui ne finit pas de révéler ses secrets. Le P-DG de Sonatrach, Mohammed Meziane, le vice-président chargé de la commercialisation et quatre hauts cadres de la compagnie, ont été placés sous contrôle judiciaire et les vice-présidents chargés des activités Amont et des transports par canalisations ont été placés sous mandat de dépôt. En Angola, c'est la partie la plus riche du pays qui sombre dans l'insécurité. Cabinda, l'enclave où est pompée plus de la moitié du pétrole angolais, tombe sous la menace des rebelles séparatistes qui ont monté une attaque mortelle contre le bus transportant l'équipe nationale de football du Togo à quelques jours du déroulement de la Coupe d'Afrique des nations. Une éternelle dispute entre les séparatistes et le gouvernement sur les revenus du pétrole. A l'origine de cette guéguerre, une histoire familière dans les provinces produisant le pétrole et les plus prolifiques de l'Afrique de l'Ouest. Au terme d'un accord, le gouvernement angolais est censé réinvestir 10% des revenus pétroliers du pays au Cabinda. Cela n'a pas été du goût des groupes sécessionnistes qui dominent la province et revendiquent son indépendance au nom des Forces pour la libération de l'Etat de Cabinda (Flec). Le Nigeria, le plus grand producteur de pétrole en Afrique, n'échappe pas à la tourmente. Après une accalmie de plusieurs mois, les violences qui secouent le Delta depuis 2006, sont de retour. La compagnie néerlandaise Shell a été la cible d'actes de sabotage de ses installations pétrolières et pense sérieusement à quitter le pays. La compagnie a annoncé que l'oléoduc de Trans-Ramos avait été vandalisé. De plus et sur le plan strictement politique, le Nigeria, 8e exportateur mondial de pétrole, vit au ralenti en raison de l'hospitalisation en Arabie Saoudite du président Umaru Yar'Aduan; ce qui plonge le pays dans une incertitude...certaine. En octobre 2009, le principal groupe rebelle de la région, le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (Répare), a déclaré un cessez-le-feu et établi la paix avec les autorités nigérianes. Mais il y a près d'un mois, le groupe a reconsidéré sa position. Le grand exportateur de pétrole sud-américain, le Venezuela, est loin d'être épargné par la tempête qui secoue les pays riches de leur sous-sol. Le pays n'a pas connu pareille séheresse depuis 50 ans et le Venezuela pourrait fermer la plus grande usine hydroélectrique, Guri, qui fournit presque les trois quarts de l'électricité du pays. Depuis le début février, le gouvernement vénézuélien a décrété «l'état d'urgence électrique» pour deux mois, avec obligation pour la population de réduire sa consommation, afin de sortir de la pénurie. A sept mois des élections législatives, la popularité du président Hugo Chavez est sérieusement menacée. Comme première mesure, M.Chavez a démis de ses fonctions le ministre de l'Electricité, Angel Rodriguez, qui a été nommé deux mois auparavant. Ensuite, est venu le rationnement de l'électricité: la production des raffineries d'aluminium et d'acier, contrôlées par l'Etat, a été mise presque à l'arrêt. Puis, l'ordre a été donné aux Vénézuéliens de prendre des douches de trois minutes, couper l'électricité après les heures de travail, notamment dans les bureaux gouvernementaux, les centres commerciaux et les matchs de football programmés la nuit se joueront désormais durant la journée. En somme, la quasi-totalité des pays de l'Opep sont au creux de la vague.