Parrain de cet accord, le «facilitateur», Blaise Compaoré, a indiqué que les protagonistes, notamment l'opposition, ont «accepté» de «s'engager dans la reconstruction du gouvernement». Nouveau cabinet hier avec le concours annoncé de l'opposition, commission électorale recomposée cette semaine: la médiation en urgence de Blaise Compaoré, lundi à Abidjan, semble avoir débloqué la situation politique ivoirienne, encore marquée par deux morts dans l'Ouest. Au lendemain d'une réunion infructueuse à Ouagadougou avec l'opposition, le président burkinabé s'était rendu en Côte d'Ivoire pour tenter de résoudre la crise née de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI) le 12 février par le chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Le nouveau cabinet devait être présenté hier, a annoncé le chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, qui avait été reconduit au poste de Premier ministre qu'il occupe depuis l'accord de paix de 2007. Parrain de cet accord, le «facilitateur», Blaise Compaoré, a indiqué que les protagonistes, notamment l'opposition, ont «accepté» de «s'engager dans la reconstruction du gouvernement». Pendant son marathon de consultations, il a notamment rencontré les leaders de l'opposition, l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara. Depuis plus d'une semaine, la formation du gouvernement avait été bloquée par ce camp, qui exigeait le «rétablissement» de la CEI. La commission, dont le dernier président a été accusé de «fraude» sur la liste électorale, est chargée d'organiser le prochain scrutin présidentiel. Sans cesse reporté depuis la fin du mandat de M.Gbagbo en 2005, et renvoyé à une date indéfinie par les derniers événements, il est censé clore la crise ouverte par le coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en deux. La question de la CEI a été résolue avec un accord pour la «recomposer» au cours de «cette semaine», a assuré le médiateur. Cela va permettre de «fixer très rapidement une échéance pour l'élection présidentielle cette année», a-t-il dit. L'opposition a toutefois modéré cet enthousiasme. «Les négociations continuent (avec M.Soro) pour régler le blocage», a déclaré l'un de ses dirigeants, Alphonse Djédjé Mady. «On n'a pas encore toutes les garanties», a souligné une source du Rassemblement des républicains (RDR) de M.Ouattara. La France avait appelé lundi au «dialogue» et à la «responsabilité», après la mort vendredi de cinq personnes à Gagnoa (centre-ouest) dans le fief de M.Gbagbo, lors de la répression d'une protestation. Mais un nouveau drame a endeuillé le pays, avec la mort dans la journée de lundi de deux personnes dans des violences à Daloa (ouest), où des manifestants se sont affrontés aux forces de l'ordre, selon le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr). Le Cicr a fait état de 11 autres blessés, sans préciser l'origine des décès et des blessures. L'opposition locale a accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré «à balles réelles», ce qui a été démenti côté gendarmerie. A Abobo, quartier populaire du nord d'Abidjan dirigé par le RDR, des échauffourées ont opposé des jeunes aux forces de l'ordre. Le Cicr a enregistré «trois blessés». La police a annoncé que deux de ses hommes avaient été «blessés par balles» par «des individus non identifiés». Un responsable local d'opposition a assuré qu'il n'y avait pas eu de «mot d'ordre». Lancées la semaine dernière, les manifestations de l'opposition contre la double dissolution ont été marquées de nouveau par des violences contre le camp Gbagbo, avec le saccage à Katiola (centre) du domicile du porte-parole du chef de l'Etat, Gervais Coulibaly. Dans ce climat tendu, la diffusion de la chaîne de télévision France 24 a été «suspendue» lundi pour «traitement non professionnel de l'information» concernant «l'actualité politique» ivoirienne, a annoncé l'organe de régulation. La direction de France 24 a «regretté» une décision qui «lui paraît injustifiée».