Les putschistes ont nommé comme Premier ministre, Mahamadou Danda, un civil habitué des régimes militaires, conseiller à l'ambassade du Canada à Niamey depuis dix ans. La junte qui a pris le pouvoir au Niger lors du coup d'Etat du 18 février, met en place son équipe à la tête du pays tandis que les appels se multiplient pour une transition courte et le retour rapide des soldats dans les casernes. Mardi soir, les putschistes ont nommé comme Premier ministre Mahamadou Danda, un civil habitué des régimes militaires, conseiller à l'ambassade du Canada à Niamey depuis dix ans. «Ma priorité, c'est principalement la restauration de la démocratie», a assuré hier cet ancien ministre d'une soixantaine d'années. Il a affirmé avoir demandé à la junte «des garanties nécessaires pour être sûr de (s)'engager dans un processus devant aboutir à la restauration réelle de la démocratie». Ces «garanties» portent sur les délais les plus «corrects» possibles pour un retour à l'organisation d'élections. Mardi, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) avait proclamé chef de l'Etat son numéro un, le chef d'escadron Salou Djibo, le temps d'une «période de transition» dont la durée n'a pas été précisée. M.Danda, qui n'avait pas encore rencontré Salou Djibo au moment de sa nomination, devait s'entretenir avec lui aujourd'hui. Les putschistes avaient immédiatement suspendu la Constitution très controversée d'août 2009, dissous le gouvernement puis annoncé la tenue d'élections à l'issue de la transition. Ils ont promis d'impliquer tous les partenaires politiques lors des travaux durant cette période. La rue a apporté un soutien massif aux putschistes, estimant qu'ils avaient mis fin à la dérive autocratique de M.Tandja. Après dix ans à la tête du pays, celui-ci avait décidé d'y rester coûte que coûte et avait pour cela fait adopter une nouvelle loi fondamentale en août dernier. Mais de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer un retour rapide à l'ordre constitutionnel et le manque de clarté de la junte quant à son calendrier, suscite des inquiétudes. «Tout le monde a la même préoccupation: le retour à l'ordre constitutionnel normal (...). Nous lançons un appel aux militaires afin que les soutiens en leur faveur qui fusent de toutes parts ne leur montent pas à la tête», a déclaré hier Amadou Harouna Maïga, secrétaire général de l'Union des travailleurs du Niger (Ustn, centrale syndicale), sur la radio privée Dounia. «Il faut qu'ils organisent dans un bref délai des élections et retournent dans leurs casernes (...) S'ils doivent s'éterniser au pouvoir, ce serait faire retourner le Niger en arrière et ça, nous ne le leur pardonnerons pas», a-t-il averti. Lawal Tsayabou, coordonnateur du Rodaddhd, un réseau d'organisations de développement et de défense des droits de l'homme, a aussi estimé que «la vocation de la junte n'est pas d'assainir les finances publiques ou de mettre en place un programme (...) Son agenda est d'organiser des élections libres». Plus confiant, Brigi Rafini, ancien député maire de la région d'Agadez (nord), pense que les soldats «vont tenir parole (...) le contexte national et international est tel qu'ils ne peuvent pas s'enraciner au pouvoir». La communauté internationale, qui a largement condamné le coup d'Etat, a multiplié les appels au retour rapide de l'ordre démocratique et à l'organisation d'un scrutin. Les initiatives de la junte seront observées de près par la France et la Chine notamment, le Niger étant le principal fournisseur d'uranium pour les installations nucléaires des deux pays. Le pays est en outre confronté à un risque de pénurie alimentaire à court terme qui menace la moitié de la population en raison, notamment des intempéries, s'est alarmée hier la Fédération internationale de la Croix-Rouge.