Les avis de recherche lancés contre eux concerneraient des milliers de personnes. C'est le branle-bas général au Maroc. Les services de sécurité, secondés par la DST chargée du contre-espionnage, ont délivré des avis de recherche relatifs à des centaines, parfois des dizaines d'activistes islamistes dans chaque centre urbain du royaume. L'information, donnée par de nombreux titres du monde entier, précise que pas moins de quarante groupes clandestins activent au sein des quelque 20.000 mosquées présentes dans le royaume, avec des medersas à proximité. La moitié de ces lieux de cultes n'est pas contrôlée par le ministère marocain des Affaires religieuses. Les groupes Djamaâ Salafia et Hidjra oua Takfir ne seraient pas les plus virulents, même si ce sont eux qui sont montrés du doigt pour les quelque 150 assassinats commis au Maroc dans des conditions particulièrement inhumaines, rappelant étrangement les actes commis par les GIA en Algérie. Les nombreux coups de filet opérés jusque-là reflètent toute l'étendue de la prolifération du phénomène de l'islamisme radical au Maroc. Un phénomène d'autant plus exacerbé que les conditions sociales dégradées et le non-respect des droits de l'Homme constituent un terreau de prédilection pour ce genre de mouvances. Sans oser le reconnaître, à cause de son image de marque touristique, qui lui procure une bonne partie de ses rentrées en devises, le Maroc est en train de basculer vers une sorte d'état d'exception qui refuse encore de dire son nom. Des années sombres guettent le royaume. Un parti islamiste version B.C.B.G. va même se présenter aux élections du 27 septembre prochain. Mohammed VI, lors de la fête de son intronisation, a même tenté d'appeler ses sujets à ne pas voter en faveur des ennemis de la liberté. L'appel sonnait doublement faux. D'abord, le palais royal n'est pas non plus ce qui se fait de mieux en la matière. Ensuite, l'entrisme islamiste, qui a déjà fait ses preuves ailleurs, y compris en Algérie, est on ne peut plus dur à contenir, d'autant qu'aux dernières nouvelles très peu de sujets, pour ne pas dire aucun, donnaient l'air de s'intéresser aux élections. Dans tous les cas de figure, comme le signalait hier la presse mondiale, le terrible scénario algérien risque de se répéter au Maroc. Le même, à ceci près que les républicains algériens avaient su contenir le raz de marée islamiste ce qui risque de ne pas être le cas au Maroc puisque cette mouvance a toujours été réprimée par le royaume, précisément au profit des islamistes quand ces derniers servaient grandement ses intérêts...contre l'Algérie.