Le conseil des ministres va examiner lors de sa prochaine réunion la situation du secteur du bâtiment. Le projet d'un million de logements sera-t-il finalisé à temps? Les chantiers connaissent depuis quelque temps de sérieuses perturbations. La flambée des prix a carrément paralysé certains d'entre eux. Dans de nombreuses régions, à l'instar de Béjaïa, les entrepreneurs ont même eu recours à la grève. Un des entrepreneurs a affirmé que les chantiers s'arrêteront d'eux-mêmes si des mesures d'urgence ne sont pas prises par l'Etat. Aujourd'hui même se tient le Conseil ministériel selon les déclarations de Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, pour examiner la hausse des coûts de ces matériaux. Il sera question, selon ses propos, de réactualiser les prix des matériaux qui ont connu une importante augmentation, notamment le ciment, le fer et le sable. Selon M.Moussa, la flambée des prix est la conséquence d'une mauvaise distribution qui a engendré la spéculation. S'agissant du fer, l'Algérie l'importe à raison de 80% de ses besoins. Ce sont donc les privés qui tiennent les rênes des prix de ce matériau. «La production de fer dépend de l'énergie, il en est de même pour les prix», a expliqué Noureddine Moussa. Ainsi, le prix du fer dépend du marché mondial. La question de l'abandon par les pouvoirs publics de ce secteur aux privés se pose d'elle-même. Si l'Etat s'était impliqué dans l'importation du fer, il aurait pu jouer un rôle de régulateur, du moins, contre «la spéculation». Quant au ciment, le ministre de l'Habitat a estimé qu'il ne concerne que 8% des matériaux de construction. L'augmentation de son prix ne peut donc pas nuire aux entrepreneurs, selon ce responsable. Kamel Louiba, directeur de l'Etbpi, une entreprise de construction, a contesté ce chiffre. «Le taux est beaucoup plus important que cela puisque le ciment accompagne la construction du début à la fin» a-t-il assuré. Parlant toujours du ciment, M.Moussa a responsabilisé les entrepreneurs. Ils achètent du ciment en sac au lieu de l'acheter en vrac. Le vrac coûte bien entendu moins cher. Cette pratique, selon des connaisseurs du secteur, se fait dans le but de revendre les sacs de ciment au prix de détail. De plus, les entrepreneurs sont censés faire leurs stocks. Juste après l'obtention du marché. Cette démarche est en mesure de leur épargner les vicissitudes du cycle de la réalisation. C'est justement ce genre de démarches qui sépare les amateurs et les professionnels. Parlant d'amateurisme, Noureddine Moussa a exprimé la volonté de son département à traiter avec des professionnels pour éviter les défaillances enregistrées dans une grande partie des projets lancés à partir 2001. La plupart des entrepreneurs algériens et une partie des entrepreneurs étrangers se sont avérés incapables de mener leurs projets à terme. Le résultat: ce sont des chantiers abandonnés. «On met, en moyenne, une année pour faire reprendre les projets abandonnés par d'autres entrepreneurs», a expliqué le ministre de l'Habitat. Sur un autre volet, Noureddine Moussa a affirmé que les certificats d'éligibilité livrés par l'Aadl ne constituent en aucun cas un engagement de la part de l'Agence. Les personnes qui détiennent ce document ne doivent pas fonder de grands espoirs pour acquérir un logement. «Ils doivent plutôt recourir à d'autres formules», a-t-il suggéré, parlant du logement social et du logement social participatif (LSP).