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Soweto, terre de mémoire... et de misère
Voyage à la pointe du continent noir
Publié dans El Watan le 11 - 05 - 2008

Habillées en t-shirt, chemises à manches courtes et autres vêtements légers, des centaines de personnes grouillent dans le hall de l'aéroport international de Johannesburg. Ici, l'été vient à peine de s'achever et la température, assez élevée, continue à faire des siennes.
Johannesburg (Afrique du Sud) : De notre envoyé spécial
C'est clair, les quelques jours que nous allons passer à la pointe du continent noir s'annoncent chauds. Située dans l'hémisphère sud du globe, l'Afrique du Sud a des saisons qui sont, faut-il le rappeler, à l'inverse de ce que nous connaissons dans nos pays nord-africains. Nos hôtes de la firme finlandaise, Nokia, nous dirigent vers un hôtel à 30 km de l'aéroport, au cœur du quartier d'affaires de Sandton, le principal point de chute des hommes d'affaires dans ce pays. Le plus grand fabricant de téléphones mobiles n'a pas lésiné sur les moyens et a choisi cet endroit pour procéder au lancement mondial de ses nouveaux produits destinés aux marchés émergents. Fief de la finance sud-africaine, Sandton est aujourd'hui connu pour ses multinationales, ses banques et ses milliers d'entreprises de renommée mondiale. Temple de la consommation, le quartier abrite aussi le plus grand centre commercial du pays, très apprécié pour ses luxueux restaurants et ses boutiques spécialisées dans les vêtements de marque. Mais ce quartier, qui incarne le rêve américain de la nouvelle Afrique du Sud, cache mal le sentiment d'insécurité qui y règne. En effet, même si la présence des services de police est discrète, les systèmes de sécurité et les clôtures renforcées autour des belles villas haut standing qui longent les ruelles de la ville renseignent sur le phénomène de la criminalité qui prévaut dans la ville. « Ne vous aventurez pas à sortir de l'hôtel, les étrangers comme vous qui ne connaissent pas les lieux risquent leur peau », nous avertit un habitant de Johannesburg dont la population est composée, en grande partie, de Blancs fortunés. Mais la ville qui se veut la plus riche d'Afrique n'est, tout compte fait, qu'un trompe-l'œil qui ne change rien à la réalité amère dans laquelle vivent les townships qui l'entourent : à une vingtaine de kilomètres seulement de Jobourg, le surnom bien utilisé de tous, se situe la fameuse banlieue noire, Soweto, l'une des régions les plus pauvres d'Afrique du Sud.
La cité rebelle
Embarqués dans un minibus à destination de Soweto, nous nous apprêtons, en compagnie de notre guide, à effectuer une virée au cœur de cette banlieue où une autre facette de « l'exotisme » sud-africain nous attend. Tout au long du trajet, le guide touristique s'efforce d'attirer notre attention sur les données historiques de la banlieue, en vain. Tout ce qu'il pouvait nous dire ou expliquer n'arrivait guère à arracher notre esprit, désormais fixé sur les scènes de pauvreté de la cité noire de Soweto, en anglais South Western Townships, symbole de la lutte contre la ségrégation raciale. Le monde dans lequel nous pénétrons est différent de celui que nous venions de quitter. Malgré la fin de l'apartheid, la ville reste marquée par ce statut de ghetto. Le township semble connaître une dynamique de développement grâce à de nombreux travaux de réhabilitation, mais des îlots de dénuement extrême subsistent. Certains bidonvilles, nous explique-t-on, accueillent plusieurs milliers de personnes qui s'entassent sous des morceaux de tôles ou à l'abri de bâches en plastique, au milieu de terrains vagues. Ceux qui vivent ici viennent souvent de la campagne, ravagée par le sida et exclue du miracle économique sud-africain. Beaucoup proviennent également d'autres pays du continent, y compris d'Afrique francophone, fuyant la pauvreté. Mais Soweto est aujourd'hui visité par ne nombreux touristes, non pas parce qu'elle reflète le contraste entre « le Noir et le Blanc », mais parce qu'elle fut, il y a une trentaine d'années, un haut lieu de la résistance des Noirs contre le régime de l'apartheid. Le 16 juin 1976, des écoliers de Soweto protestent contre l'imposition de l'afrikaans, la langue du colon, comme seule langue d'enseignement. Ils se rassemblent pour protester. Ils veulent simplement exprimer leur opinion et cela pacifiquement. La manifestation tourne en émeute. La police reçoit l'ordre du ministre de l'Intérieur de « rétablir l'ordre à tout prix et d'user de tous les moyens à cet effet ». Hector Pieterson, comme ses camarades, est dans la rue. Il est foudroyé par une balle. Mort, son frère l'emporte dans ses bras. Bilan officiel : 23 morts et 220 blessés. Le bilan réel n'a jamais été publié. Ce massacre des élèves de Soweto est symbolisé aujourd'hui par un musée. Il porte le nom de Hector Pieterson Memorial. Le musée, ouvert en 2002, retrace les événements qui ont conduit aux émeutes à travers des photographies prises à cette époque, des documentaires télévisées, des portraits des héros qui ont marqué les événements et autres supports audio-visuels riches en enseignements.
Un township déshérité
Non loin du musée, la maison qu'occupait Nelson Mandela avant son emprisonnement, en 1962, est devenue un lieu de mémoire. Un autre musée y est érigé où des photos, du mobilier et des objets usuels y sont toujours. A quelques encablures de là, l'on peut retrouvé également la demeure de Desmond Tutu, et plus loin encore, celle de Winnie Mandela, constamment surveillée par la police, nous précise notre guide. Une autre escale nous conduit, cette fois-ci, à Kliptown, l'un des plus anciens et plus insalubres bidonvilles de Soweto. Les scènes de misère et de pauvreté sautent à l'œil. Ici, nous sommes loin des quartiers de Sandton où les signes ostentatoires de richesse sont présents à chaque coin de rue. A Kliptown, tout indique que l'héritage du régime de l'apartheid a fait, aujourd'hui, de la société sud-africaine une société divisée non pas selon des critères raciaux, mais selon des lignes de partage entre les riches et les pauvres, le développement et le sous-développement. Deux économies coexistent, ainsi, la première développée et moderne, la deuxième sous-développée et marginalisée. Aussi déshérité que les autres agglomérations urbaines noires, le quartier est pourtant connu dans l'histoire sud-africaine pour avoir été le lieu où a été signée, en 1955, la charte des libertés de l'ANC, base de la Constitution sud-africaine. Un gigantesque monument dédié à cette charte y est érigé au milieu d'une grande place. A l'intérieur de l'édifice, les 10 points contenus dans ce document historique de réconciliation entre les Noirs et les Blancs sont gravés sur du marbre. Le premier article gravé dit : « L'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs, et aucun gouvernement ne peut se réclamer de l'autorité sans la volonté du peuple ». Le lieu est fréquemment visité par les touristes. Mais les plus curieux d'entre eux ne se contentent pas d'admirer la symbolique du lieu et préfèrent s'aventurer un peu plus loin dans les artères du quartier. Tentés par ce même désir, nous entamons alors une balade. A peine le grand marché à ciel ouvert du coin franchi qu'un agent de la sécurité en tenue civil nous interpelle : « Vous ne devez pas vous éloigner du groupe, l'endroit n'est pas sécurisé ». Déçus ne n'avoir pas pu entièrement profiter de cette dernière étape du circuit, nous regagnons le minibus avec pour seule réconfort les quelques photos prises, immortalisant notre passage dans ce township déshérité. L'apartheid, c'était hier. Mais la lutte anti-apartheid économique reste le grand défi des Sud-Africains.


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