Le président malien avait fait de la survie de l'otage français une affaire personnelle au point de faire appel à un diplomate, actuellement en poste en Arabie Saoudite. Un secret de Polichinelle. Le nord du Mali connaît une situation explosive sur le plan de la sécurité. La paix dans la région est compromise, notamment depuis la récente libération par le Mali des quatre terroristes dont deux Algériens, affiliés à Al Qaîda au Maghreb islamique, ont affirmé des sources sécuritaires très au fait du contexte actuel. La dangereuse décision exécutée par le gouvernement malien, malgré l'intervention de l'Algérie dans ce sens, suscite de multiples interrogations. Par cette décision, Bamako a signé «un pacte avec le diable» dont les conséquences ne peuvent que peser lourdement sur une coopération entre ce pays, l'Algérie, et la Mauritanie. Cette dernière a affiché un «niet» pur et dur aux nouvelles exigences d'Al Qaîda qui détient cinq prisonniers ressortissants européens: deux Italiens (un couple) et trois humanitaires espagnols, contrairement au Mali, qui, pour garantir la non- excécution de l'otage français Pierre Camatte, et sa libération s'est soumis aux revendications des terroristes en libérant quatre des leurs le 23 février dernier. Evénement qui a bouleversé les relations algéro-maliennes et, notamment le processus de paix entre les rebelles du nord du Mali et le gouvernement malien qui cherche depuis à trouver un consensus pour améliorer ses relations avec l'Algérie. L'Algérie, le Mali et la Mauritanie qui formaient le «trio de choc» dans la lutte antiterroriste doivent revoir les termes de leur coopération qui semblait pourtant, entamée depuis la réunion de Tamanrasset le mois d'août 2009 sur de très bonnes bases. Cela, même si le Mali vient d'annoncer l'arrestation de quatre islamistes accusés de complicité avec Al Qaîda, par l'Algérie et la Mauritanie, les services de sécurité algériens restent quand même sur leurs gardes. Selon certaines sources, les quatre islamistes arrêtés auraient été transférés soit en Algérie soit en Mauritanie. Parmi les quatre accusés figurerait l'un des commanditaires de l'enlèvement des trois humanitaires espagnols, kidnappés en Mauritanie et détenus par les ravisseurs d'Al Qaîda au nord du Mali. Tout ce qui se passe dans cette région «minée», demeure confus. Aucun des accords convenus entre les pays concernés par la paix dans la bande du Sahel n'a été respecté et le trio dit «de choc» n'entend plus fonctionner selon ce qui a été convenu lors de la rencontre des hautes instances militaires au Sud algérien. Selon nos sources, il y a eu trop d'interférences et d'ingérences puisque la France n'a pas manqué de faire pression sur le Mali pour répondre favorablement aux revendications d'Abou Zeïd, émir terroriste au Sud, pour garder en vie l'otage français Pierre Camatte, libéré récemment. Les négociations pour sa libération contre quatre terroristes et une rançon ont été menées par plusieurs intermédiaires dont deux émissaires du président malien Amadou Toumani Touré qui avait fait de la survie de l'otage Pierre Camatte «une affaire personnelle». Les deux négociateurs ont joué un rôle central dans la libération de l'otage français. Il s'agit de deux Maliens: Baba Ould Choueckh, homme d'affaires d'origine arabe et maire de Tarkint, à 90 km de Gao, et Iyad Ag Ghali, diplomate, actuellement en poste en Arabie Saoudite et appelé en renfort par Bamako au début de janvier. Ancien chef rebelle touareg, Ag Ghali est originaire de Kidal et appartient à la puissante tribu des Ifoghas. Ce dernier avait négocié, en 2003, la libération des otages allemands détenus par le Gspc. Au regard de ces nouvelles donnes, le contexte sécuritaire au niveau de cette région demeure plus qu'inquiétant. Le Mali a perdu en l'Algérie, un véritable allié dans la lutte antiterroriste, un pays sur lequel il comptait également pour conclure un acte de paix avec les rebelles de l'Alliance démocratique, un mouvement qui s'est soulevé contre le gouvernement malien à cause de la situation sociale. Actuellement, aucune source n'est capable de dire quel sens prendra la crise actuelle entre l'Algérie et le Mali, notamment sur le plan politique et sécuritaire.