En se pliant aux exigences d'Al Qaîda et de Paris, le Mali a compromis le processus de coopération sécuritaire dans la région du Sahel. Les cercles occultes que le président malien avait dénoncés maintes fois à travers plusieurs déclarations ont eu finalement le dernier mot dans le dénouement scabreux de l'affaire de l'otage français. En se pliant aux exigences d'Al Qaîda, l'Etat malien n'a pas seulement enfreint les clauses de la convention signée avec l'Algérie, mais a sérieusement compromis un long processus de coopération sécuritaire que l'Algérie a initié au niveau de la région du Sahel. Après la libération des quatre terroristes, le Mali s'est mis dans une inconfortable situation. Indéniablement, la crise est ouverte avec l'Algérie. Et malgré les signaux d'apaisement, les Algériens ne sont pas près d'accepter des explications lapidaires et superficielles de la part de leurs voisins du Sahel. Sommes-nous en présence d'une sérieuse crise diplomatique et sécuritaire qui oppose aujourd'hui l'Etat malien à l'Algérie? Tout porte à le croire, si l'on se fie à certaines «fuites organisées» émanant de sources très bien informées et très au fait du traitement sécuritaire. En réalité, la libération des quatre terroristes, dont deux Algériens, par le Mali a jeté un froid dans les relations entre les deux pays. En effet, «l'attitude trouble de Bamako» a jeté un «froid» dans les relations entre Alger, Nouakchott et Bamako avec à l'origine, «un simulacre de procès» organisé par les autorités maliennes. Le Mali a lamentablement échoué dans la défense de son point de vue face à l'ancienne puissance coloniale. En abandonnant le terrain aux groupes parallèles travaillant directement pour le compte du maître de l'Elysée, Bamako vient de perdre énormément de sa crédibilité en tant qu'Etat souverain. Aujourd'hui, on ne peut pas dire ouvertement que le Mali est sous l'emprise de la France mais il a cédé à la pression de Paris. En conséquence, Bamako paie le tribut de sa contredanse. Alger et Nouakchott ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs, certes, pour consultations. Il est clair que Pierre Camatte, l'otage libéré par Al Qaîda au Maghreb islamique représente un élément important dans cette affaire, et pour le ramener sain et sauf parmi les siens, le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, s'est engagé personnellement à tout faire. En envoyant son émissaire au Mali, le président français n'a aucunement caché son intention d'opter pour une solution dans les coulisses. «S'agissant des conditions de la libération de Pierre Camatte et des moyens mis en oeuvre dans la région pour lutter contre Al Qaîda, de très nombreux paramètres, qui dépassent les développements de ces derniers jours, entrent en ligne de compte», avait révélé Bernard Valero, porte-parole de ministère français des Affaires étrangères. Consciente de tout ce qui se tramait, l'Algérie n'a cessé de multiplier les appels pour une intransigeance vis-à-vis des terroristes. Ces appels ont été tout simplement parasités par les discussions de l'ombre qui ont toujours fait du tort aux pays africains. Dans ce genre d'affaires, les Occidentaux ont souvent manifesté un égoïsme flagrant, en privilégiant leurs intérêts aux dépens même de la souveraineté des pays africains. La libération de l'otage français a mis en surface ce chantage avec lequel l'Elysée a mené ses affaires dans le continent africain. Aux yeux de Sarkozy, la vie d'un citoyen français est plus importante que la libération de quatre dangereux criminels qui ne vont certainement pas hésiter, à la première occasion, à terroriser des centaines si ce n'est des milliers de personnes en terre africaine. Cet eurocentrisme fait encore des dégâts: la preuve, ses retombées sur les relations entre l'Algérie et le Mali ont provoqué une crise entre les deux pays qui n'ont pourtant pas le droit de se tourner le dos au moment où Al Qaïda constitue toujours une menace pour la stabilité de la région. Pour preuve, des terroristes assuraient la sécurité de trafiquants de cocaïne, dont le convoi a été accroché vendredi par l'armée mauritanienne près de la frontière avec le Mali, faisant 3 morts et 18 prisonniers dans leurs rangs. Une drogue destinée principalement à inonder le marché européen.