Dans l'espoir de voir l'opposition républicaine l'aider à tenir sa promesse de fermer la prison de Guantanamo, Obama est allé à un compromis par un renversement de politique. Des défenseurs des droits de l'homme sont inquiets de voir Barack Obama renvoyer les suspects des attentats du 11 Septembre devant un tribunal militaire, mais la Maison-Blanche a annoncé qu'une décision à ce sujet n'interviendrait pas avant «des semaines». Vendredi, le Washington Post a affirmé que des conseillers du président des Etats-Unis étaient sur le point de lui recommander de traduire cinq hommes accusés d'avoir organisé ces attentats devant des tribunaux militaires d'exception, en contradiction avec sa position précédente. Ce renversement de politique ferait partie, selon le journal, d'un compromis avec le Congrès, dans l'espoir de voir l'opposition républicaine aider M.Obama à tenir sa promesse de fermer la prison de Guantanamo, un autre héritage de la «guerre contre le terrorisme» de son prédécesseur George W.Bush. Les cinq hommes soupçonnés d'avoir organisé les attentats qui avaient fait près de 3000 morts le 11 septembre 2001, dont leur cerveau présumé Khaled Cheikh Mohammed, sont actuellement détenus dans la prison militaire de l'enclave américaine à Cuba. La position de l'administration a notablement évolué sur ce sujet depuis qu'en novembre 2009, le ministre de la Justice, Eric Holder avait opté pour la tenue d'un procès civil devant un tribunal de Manhattan à New York. Face à l'opposition d'élus, dont le maire de la ville Michael Bloomberg, à la tenue d'un tel événement tout près du site des Tours jumelles du World Trade Center, ce choix a été remis en question. Et le 12 février, M.Holder avait laissé ouverte la possibilité qu'un tel procès se déroule devant la justice militaire, affirmant au Washington Post qu'«en fin de compte, quel que soit l'endroit où ce procès aura lieu, devant quelque juridiction que ce soit, ce qu'il faut, c'est que cela ait lieu de façon aussi transparente que possible en respectant toutes les règles». Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, est resté fidèle à la ligne de son parti, en affirmant que les étrangers accusés de terrorisme «devraient être traités comme des prisonniers militaires, pas des ressortissants américains» protégés par la Constitution et qu'un procès civil «était une idée horrible dès le départ». De son côté, un haut responsable américain a assuré vendredi que «la Maison-Blanche continue à examiner les options disponibles pour traduire en justice les suspects du 11 Septembre. Aucune décision n'a été prise, et nous ne nous attendons pas à ce qu'une décision intervienne avant des semaines». Mais les groupes de défense des droits de l'homme ont déjà affirmé que juger K.C Mohammed et ses quatre co-accusés devant un tribunal militaire d'exception ne répondrait pas aux critères attendus de la part d'un procès voulu comme exemplaire. «Les Etats-Unis commencent juste à reprendre un peu de poids à l'international en tant que défenseur des droits de l'homme», a souligné Larry Cox, directeur d'Amnesty international aux Etats-Unis. «D'un seul coup, le président Obama pourrait revenir sur ces progrès durement acquis», a-t-il déploré. De son côté, l'amiral à la retraite John Hutson, aujourd'hui membre de l'instance dirigeante du groupe Human Rights First, a assuré que maintenir indéfiniment en détention des suspects porterait tort à la réputation des Etats-Unis et mettrait des soldats américains en danger. «C'est en de telles circonstances, lorsque les choses sont difficiles, que nous avons vraiment besoin de voir un président faire preuve de fermeté et faire non seulement ce qui est juste, mais aussi ce qui est intelligent», a-t-il affirmé lors d'une téléconférence de presse.