Accusant George Bush d'avoir utilisé le Patriot Act pour limiter les libertés individuelles et piétiner la plupart des principes de la Constitution américaine, les associations US de défense des droits de l'Homme interpellent le président élu pour qu'il rétablisse rapidement les principes constitutionnels. La puissante association américaine de défense des libertés individuelles (Aclu) a été la première à réagir à l'élection de Barack Obama pour lui demander de s'atteler à la tâche très délicate de rétablir les principes constitutionnels et les libertés individuelles bafoués aux Etats-Unis par la “guerre contre le terrorisme” menée par George Bush. Elle estime que “la victoire de Barack Obama nous donne, à nous qui nous soucions de liberté, une chance de rétablir les droits constitutionnels et de progresser vers plus de liberté”. L'Aclu a été imitée par l'association Human Right First, laquelle a aussi pressé le nouveau président, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, de “tourner rapidement la page des politiques de torture et des autres abus qui ont privé les Etats-Unis de leur capacité à être un leader pour les droits de l'Homme ces sept dernières années”. Il faut dire qu'au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la décision de Bush d'entrer en “guerre contre le terrorisme” a eu comme conséquences la prison de Guantanamo, les écoutes téléphoniques, les arrestations au faciès, les perquisitions sans mandat, l'usage de la torture pendant les interrogatoires et les prisons secrètes de la CIA. Ainsi, aux Etats-Unis, une série de lois adoptées cinq semaines après les attentats et représentant le Patriot Act a donné lieu à une politique accordant des pouvoirs élargis à l'exécutif, à ses agences de renseignement et aux forces de l'ordre au nom de la lutte antiterroriste. L'opinion américaine s'est accordée à dire que c'était un moyen pour le président George Bush de limiter les libertés individuelles et de piétiner la plupart des principes de la Constitution américaine. À titre d'exemple, le Patriot Act permet, par exemple, au FBI de consulter les dossiers médicaux ou scolaires de quelqu'un ou les documents de n'importe quelle entreprise, dans le cadre d'une enquête dans une affaire d'espionnage ou de terrorisme, ou de procéder à des perquisitions sans mandat. Cela a inévitablement donné lieu à des excès de l'Administration Bush, ce qui a provoqué des scandales, comme les écoutes téléphoniques et électroniques d'Américains en liaison avec l'étranger, avec l'accord secret du patron de la Maison-Blanche. L'héritage le plus lourd pour Barack Obama est incontestablement la prison de Guantanamo, où des centaines de détenus sont enfermés, pour certains depuis près de sept ans sans être inculpés, au nom de la “guerre contre le terrorisme”. Saisie, la Cour suprême des Etats-Unis avait dû intervenir pour reconnaître à quelques détenus des droits constitutionnels comme celui de contester leur détention. Le président élu avait promis de fermer Guantanamo même si la faisabilité d'une telle promesse, dans l'immédiat, n'est pas facile. Il a néanmoins provoqué l'espoir, comme l'affirme Bruce Hoffman, un spécialiste en terrorisme à l'université de Georgetown : “Si le nouveau président est sérieux dans ses intentions de reconstruire le lien avec les alliés et de faire la preuve des valeurs américaines, c'est la première chose qui sera observée.” Il est particulièrement attendu sur l'interdiction totale des pratiques d'interrogatoires musclés, voire assimilables à la torture. Merzak T.