La cour criminelle de Béjaïa a examiné avant-hier l'affaire de l'assassinat du médecin de la résidence universitaire d'Ihaddaden, le Dr Salim Saïdj dans un procès palpitant de bout en bout. Le verdict n'a été rendu qu'hier à 2 heures du matin. Une peine d'emprisonnement de dix années ferme, assortie d'une amende de 1 million de dinars, a été prononcée à l'encontre de l'accusé, le directeur des affaires générales à la résidence «U» d'Ihaddaden, Lakhdar Brahmi. Le procureur de la République avait requis contre lui la perpétuité. Il était poursuivi pour homicide après que la chambre d'accusation ait requalifié les chefs d'inculpation retenus au départ et portant sur des coups et blessures volontaires entraînant un homicide involontaire sur personne en plein exercice de ses fonctions. Les faits remontent au 5 mai 2009. La victime recevait dans son bureau l'accusé qui souffrait de faiblesse. La discussion entre les deux hommes allait vite tourner en bagarre. Dans la foulée, la victime recevra 4 coups de couteau de cuisine en plein coeur pendant que le présumé agresseur recevait quant à lui quatre coups au dos et un coup de couteau à la poitrine. L'infirmier du jour était le principal témoin dans cette affaire restée huit mois en instruction. Ce témoin présentera en tout quatre versions des faits, selon la défense représentée par maître Belgenbour Samir du barreau d'Alger. La dernière était présentée lors du procès mettant l'accent sur le tempérament «perturbé et nerveux» du médecin ce jour. Une version contredite par les malades reçus le même jour et avant l'accusé. Beaucoup d'ombres entourent encore cette affaire criminelle. Le mobile du crime, les versions variées du témoin principal et l'absence d'empreintes sur l'arme du crime, laissent conclure à «une légèreté dans le déroulement de l'instruction de cette affaire» qui aurait pu «passer par une reconstruction des faits». On soupçonne un mobile plutôt lié à la découverte par la victime d'«un pot en rose dans la gestion des affaires de la cité». Un point qui n'a guerre été abordé lors du procès. L'enquête immédiatement ouverte, l'acte criminel a vite conclu à l'inculpation du directeur, placé entre-temps sous mandat de dépôt dès sa sortie de l'hôpital. Accusé dans un premier temps de coup et blessures sans intention de donner la mort, ce chef d'inculpation a été requalifié par la chambre d'accusation en s'appuyant sur l'article 253 et 263 alinéa 3. En d'autres termes l'accusé était poursuivi pour homicide. Lors du procès, inscrit dans le cadre de la première session criminelle de la cour de Béjaïa pour l'exercice de l'année 2010, l'avocat de la défense a tenté en vain de dédouaner son client en s'appuyant sur la thèse du suicide. Il en réussira tout juste à réduire sa peine de la perpétuité à 10 ans de prison ferme, soit la peine minimale requise par la loi.