Le stade, le port, le transport ferroviaire sont des chantiers dont la cadence des travaux défie toute logique. A Tizi Ouzou, le temps s'écoule très lentement, parfois il s'arrête même pendant... des années, à voir la cadence des travaux des grands chantiers de cette wilaya. Qu'on en juge: plus de quarante ans pour la construction d'un port qui n'est pas terminé, seize ans de travaux pour réaliser 5km d'une voie ferrée non encore exploitée et huit ans pour la réalisation d'un stade dont les travaux n'ont pas encore démarré. Selon le premier responsable de la wilaya de Tizi Ouzou qui intervenait ce jeudi au forum de Radio Soummam, les travaux du nouveau complexe sportif débuteront au plus tard fin mars. L'information apportera sans nul doute un grand soulagement parmi la population, car l'attente a été longue...très longue. Inscrit en 2002, ce stade d'une capacité de 50.000 places a connu de nombreux retards. Il aura fallu plus de six ans pour, enfin, voir la société réalisatrice obtenir le quitus de la commission nationale des marchés. Maintes fois annoncée, autant de fois reportée, l'ouverture des plis n'a pu intervenir que six longues années après l'inscription du projet. Après un avis d'appel à la concurrence ayant engagé une quinzaine de sociétés, il n'a été retenu que cinq avant que le groupe algéro-espagnol (l'algérien Etrhb et l'espagnol FCC (Formento de constructions y constratas) ne soit définitivement choisi. Le coût du projet est de 34 milliards de dinars avec un délai de réalisation d'une période allant de 22 à 35 mois. Mais, hélas, le compte à rebours n'a pas encore commencé. Avant le début des travaux, le projet a déjà accusé un retard de pas moins de 110 mois. Pour rappel, le premier couac est survenu lors du lancement des travaux de terrassement de l'assiette située à Boukhalfa, à quelque cinq kilomètres au sud-ouest de la ville de Tizi Ouzou. Ce lieu, étant caractérisé, d'une part, par un relief montagneux escarpé, avait contraint les autorités en charge du dossier à élargir l'assiette en vue d'intégrer d'autres lots de terrain. Initialement, cette dernière recouvrait une superficie de 21 ha avant d'être élargie à 44 ha. Malgré cet apport supplémentaire en lots, la topologie du terrain demeurait constituée d'une succession de monticules de hauteur variable avec des déclivités dépassant par endroits les 15%. Sa préparation pour l'adapter à la nature et aux fonctionnalités de ce grand ouvrage nécessitait alors, selon les responsables techniques du projet, un déblaiement de terre d'un volume de 1.289.177,82 m3. Par ailleurs, ce terrain bien qu'élargi, les concepteurs du projet ont été, à nouveau, contraints de revoir leur plan. Ainsi, les autorités ont dû intégrer d'autres lots de terrain privés supplémentaires pour atteindre une superficie de 67 ha. Selon nos sources, ces travaux de déblayage et après avoir été revus et corrigés, ont été estimés à 1.559.406.000,00 DA. Enfin, d'autres retards interviendront plus tard dans les procédures de choix des entreprises réalisatrices. Si les travaux de ce complexe vont, enfin, débuter après une attente qui aura duré neuf ans, la malédiction des retards qui frappe la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas près de disparaître. Certains projets accusent un retard de vingt ans à l'instar du port de la ville de Azeffoun dont la première pierre a été posée par feu le président Houari Boumediene en 1969. Le projet sommeillera durant deux décennies avant d'être déterré dans le cadre du plan de développement au début des années 2000. Les retards ne se limiteront pas à ces deux projets mais d'autres encore ont dû attendre. Après le port d'Azeffoun et le stade qui ont dû patienter des décennies, c'est au tour de la Radio locale de prendre son mal en patience. Après le lancement de toutes les stations dont ont bénéficiées les autres wilayas, celle-ci n'émettra qu'en juillet prochain grâce à l'impulsion du premier responsable de la wilaya qui a pris en main le projet. Concernant les infrastructures de transport, la voie ferrée devant relier la ville de Tizi Ouzou à la zone industrielle de Oued Aïssi ne sera opérationnelle qu'en juillet prochain après une attente au quai qui aura duré une décennie en dépit des récurrentes visites du ministre des Transports. Sur le même chapitre, les trois projets de gares intermédiaires dont la réception est prévue pour décembre 2008 sont encore en chantier. Cependant, il convient de signaler que les causes de ces retards ne sont pas toutes à mettre à l'actif des pouvoirs publics. Connue pour le caractère privé de ses terres, la wilaya souffre du manque de foncier. Tous les projets ont enduré cet aléa avant de voir les chantiers démarrer. Les oppositions des propriétaires sont un autre facteur ayant engendré les retards. Cette attitude empoisonne la vie aux responsables locaux, de l'aveu même du wali de Tizi Ouzou. En plus de ce comportement, aux antipodes du développement local, il convient également de noter le manque de formation des élus locaux qui ne participent guère à la gestion de ces contentieux qui freinent dramatiquement l'essor de leurs circonscriptions. Enfin, pour l'année 2010, le programme inscrit au profit de la région est estimé à 31 milliards de dinars. Avec la volonté affichée par le premier responsable de la wilaya de mettre les bouchées doubles pour affronter toutes les difficultés qui entravent la réception des projets, il est attendu l'adhésion de la population pour son propre bien.