Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a indiqué hier:«Nous sommes en discussion avec plusieurs partenaires et nous attendons de voir la meilleure proposition.» Les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Cette phrase s'applique parfaitement au «projet» de la fabrication de la première voiture en Algérie. Sur ce sujet, le ministre de l'Industrie multiplie les déclarations, la dernière en date étant celle d'hier. «Construire des voitures est un engagement à très long terme, qui implique beaucoup de choses, donc nous attendons d'avoir la meilleure proposition.» Or, en juin 2009, M.Temmar a promis publiquement la signature d'un contrat pour la production de véhicules avant la fin de l'année 2009. Mais ce n'est que promesse. Le marché de l'automobile en Algérie est très porteur. 250.000 véhicules ont été vendus en 2009. Dans ce marché, le fabricant français, Renault, détient la part du lion avec pas moins de 60.000 véhicules commercialisés. Et malgré cela, la marque française hésite encore à installer une usine en Algérie. Il y a quelques semaines, la rengaine de promesse a été déclinée par le directeur général délégué de Renault, Patrick Pelata, qui a confirmé les informations rapportées par la presse française selon lesquelles le constructeur automobile envisage d'installer en Algérie une usine de montage qui serait implantée à Rouiba. Ce dernier a ainsi déclaré que «le montant de l'investissement dépassera plusieurs dizaines de millions d'euros». De son côté, Mokhtar Chahboub, P-DG de la Snvi, principale partie concernée par ce projet, a indiqué, lors d'une intervention à la Radio nationale, que la première voiture «made in Algeria» verrait le jour en 2011. «Nous sommes en négociations avec des constructeurs et, dans la mesure où les intérêts convergent, je considère qu'en 2011 on pourrait voir les premières voitures montées en Algérie», avait-il annoncé. Or, il ne reste que 9 mois avant cette échéance. Et les chances de conclure un contrat, organiser tout le réseau de sous-traitance nécessaire à ce projet, mobiliser les ressources humaines et matérielles nécessaires, et surtout mettre au point un premier prototype et faire les tests nécessaires, semblent fort minces. Et cela au grand dam de millions d'Algériens qui rêvent depuis les années 1960, date à laquelle la maquette «Mina», un véhicule 100% algérien, a été présentée dans le journal Alger ce soir. Un rêve qui a failli se réaliser au milieu des années 1980, avec l'arrivée des Italiens et avec eux, les croquis de «Fatia». Ces derniers resteront dans les tiroirs, puisque quelques années plus tard, en 1998, le partenaire italien Fiat, est parti à cause de la situation sécuritaire qui prévalait dans le pays. Ce n'est que 10 années plus tard, avec une nouvelle donne sécuritaire et surtout socio-économique, que la décision de déterrer ce projet qui n'arrive toujours pas à trouver preneur, a été prise. Au train où vont les négociations, les Algériens risquent bien d'attendre encore longtemps avant de rouler dans leur véhicule national. «Construire des voitures est un engagement à très long terme qui implique beaucoup de choses, donc nous attendons d'avoir la meilleure proposition», a argumenté le ministre, pour justifier cette lenteur dans les négociations.