Le ministre de l'énergie a décidé de “prendre au mot” le président français sur la coopération énergétique entre les deux pays. “Nous souhaiterions développer des relations avec la France dans le domaine du nucléaire civil. S'il y a une réelle volonté de part et d'autre, cette coopération pourra se réaliser. Il n'y a aucun doute là-dessus”. C'est ce qu'a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, à la veille de l'arrivée à Alger du président français, M. Sarkozy. Cette déclaration se veut, si besoin est, un avant-goût de ce qui sera traité lors de la visite de M. Sarkozy en ce qui concerne le volet énergétique. M. Sarkozy a précisé que son pays pourrait aller loin dans ce domaine avec l'Algérie. “Nous attendons pour voir ce qu'on veut dire par cette phrase”, indiquera M. Chakib Khelil. Concernant les contrats signés avec les entreprises françaises, le ministre évoque la société Total qui a remporté un marché dans la pétrochimie en proposant une meilleure offre pour le partage des bénéfices. Il s'agit de la réalisation d'une unité de vapocraquage d'un montant de 3 milliards de dollars. La société Alstom a obtenu, elle aussi, le marché de construction de la centrale électrique de Terga contre General Electric. De nombreux contrats ont été également obtenus en dehors du secteur de l'énergie par les entreprises de l'Hexagone. Celles-ci sont, en effet, spécialisées dans les équipements, le matériel, sécurité pétrolière… M. Chakib Khelil soulignera que le gisement de gaz de Touat à Béchar, projet en partenariat avec Gaz de France (GDF), ne souffre d'aucun problème. La seule contrainte concerne l'évacuation du gisement. Il est question de savoir qui construit les gazoducs, à quelle date ces derniers sont construits ? Faut-il construire un gazoduc pour un seul ou plusieurs gisements ? Autant de questions à discuter avec tous les partenaires. Le sud-ouest de Béchar est devenu une région importante en termes de découvertes à savoir Timimoune, Reggan… par Total, GDF, Repsol, Statoil… “Nous sommes en train d'analyser la possibilité de construire un nouveau gazoduc à partir de ces gisements”, indiquera le ministre en marge de la première Conférence internationale sur les ressources minérales (Cirma 1) qui a eu lieu hier à Alger. Ces gisements ramèneront des volumes de gaz, selon lui, à l'horizon 2012-2013. Par ailleurs, une augmentation de la production de pétrole des pays membres de l'Opep est, affirmera le Dr Khelil, possible. “Nous allons analyser le marché lors de la réunion du 5 décembre à Abou Dhabi. S'il y a une véritable demande, nous allons la satisfaire”, ajoutera-t-il. “D'ailleurs, c'est pour cela que les prix baissent. Car, les opérateurs pensent que nous allions le faire”, arguera-t-il non sans un brin d'ironie du ministre de l'Energie et des Mines. La Cirma1 veut montrer, précisera Chakib Khelil, que l'Algérie est devenue un acteur international dans le domaine minier. Ses atouts restent ses ressources minières mais aussi humaines, son organisation à travers les agences nationales (promotion du patrimoine et le contrôle minier) et le nombre d'investisseurs déjà drainés dans le secteur des mines. L'ANPM assure actuellement la promotion de plusieurs gisements. Les investisseurs peuvent de ce fait contacter cette agence pour de plus amples informations nécessaires pour proposer leurs offres. Ces data-rooms sont ouverts jusqu'au mois de mars prochain. “Nous sommes ouverts pour le business. Et nous avons placé l'Algérie dans la carte mondiale en tant qu'acteur important dans le domaine minier”, avouera le ministre. Jusqu'avant 2000, il n'y a pas eu d'investissements dans ce domaine en Algérie. Durant les trente dernières années, l'Etat a dépensé plus de un milliard de dollars sans récupérer le moindre centime. Pis, des mines ont été ensuite fermées. Le but est de recouvrer ce montant par le biais de lancement des appels d'offres. En outre, depuis 2000, il est recensé un investissement de 270 millions de dollars équivalent dans l'or le zinc, le plomb, le phosphate, le cuivre, le manganèse… Parmi, les unités rouvertes, on note celle d'El-Abed à laquelle s'est intéressée une société chinoise. Une enveloppe de plus de 10 millions de dollars sera consacrée par les investisseurs chinois pour cette mine. La nouvelle loi sur les mines permet une ouverture à tous les investisseurs étrangers pour une rentabilité économique des mines. La hausse des prix des produits miniers contribue aussi à cette rentabilité. Le Dr Chakib Khelil a évoqué les ressources dormantes qui caractérisent le secteur. Pour le phosphate, les réserves sont estimées à 20 millions de tonnes. Or, il n'est produit que 1,5 million de tonnes. Ce chiffre reste considérable en comparaison à la période d'avant 2000 où seule la moitié de cette quantité était produite. Désormais, l'Algérie, rappellera le ministre, ne va pas accorder de permis d'exploitation des ressources de gré à gré. Seule la procédure d'appel d'offres sera suivie à ce propos. Le ministère va en outre créer une école des mines dans la localité d'El-Abed. Concernant le projet Gara Djibilet, un appel d'offres a été lancé il y a plus de deux ans mais les résultats étaient infructueux. L'intérêt des investisseurs n'a pas été suivi d'effets. Sonatrach a été ainsi désignée comme promoteur disposant de moyens indispensables pour trouver un partenaire dans ce projet. La compagnie nationale attire effectivement les investisseurs. “Qui ne voudrait pas s'associer à Sonatrach ?” dira Chakib Khelil. Les réserves d'Uranium prouvées et recensées sont de l'ordre de 29 000 tonnes. Mais ce n'est pas important aux yeux de Chakib Khelil. Pour lui, cela ne peut être suffisant que pour deux centrales de 1 000 MW chacune pendant 60 ans. Il faut lancer donc des appels d'offres pour d'autres découvertes. Sur un autre registre, la loi nucléaire qui sortira, selon lui, l'année prochaine traitera de tous les aspects liés à la restructuration du secteur. L'on peut citer la création d'une agence de sûreté et de sécurité nucléaires qui va veiller aux dangers créés par la radioactivité, l'utilisation de matières radioactives… Il faut, par conséquent, cette base pour utiliser cette énergie nucléaire. Globalement, le secteur des mines a inventorié quelque 30 projets en partenariat. Plus de 450 millions de dollars de produits miniers ont été exportés alors qu'il n'est importé que l'équivalent de 400 millions de dollars. La couverture des besoins nationaux est donc assurée. Badreddine KHRIS