Au-delà des mesures techniques, Bouteflika a beaucoup insisté sur les mentalités et les pratiques. Un discours court, mais plein de messages. C'est pratiquement tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par l'opération de vote lu 10 octobre qui ont eu leur part du message présidentiel. Le Président de la République n'est, semble-t-il, pas demeuré insensible aux doléances de la classe politique, réitérées lors de la rencontre avec la présidence. C'est du moins ce qui ressort de son discours hier, lors de l'installation de la Commission politique nationale de surveillance des élections locales, au Palais des nations. En effet, au-delà des mesures techniques inédites pour garantir l'intégrité du scrutin, Bouteflika a beaucoup insisté sur les mentalités et les pratiques. «Tout l'enjeu est dans la pratique (...). Les encadreurs de l'opération de vote doivent appliquer les instructions et les textes législatifs.» Est-ce suffisant pour satisfaire les appréhensions des formations politiques en course pour les communales? Il est difficile de répondre, face aux réactions des représentants des partis. Les portes sont grandes ouvertes pour eux pour contrôler, sans contrainte, le déroulement de l'ensemble de l'opération, a assuré le Président tout au long de son allocution. En effet, le premier magistrat du pays a indiqué, qu'en plus des mesures draconiennes promulguées pour les dernières législatives afin d'assurer la régularité du vote, les nouvelles instructions ont pour objet de conforter le dispositif légal et réglementaire existant. Comme cela a été annoncé par notre journal, les bureaux itinérants, qui constituaient un point de discorde avec les partis de l'opposition, notamment le FFS, seront réduits au strict minimum. Il y va de la souveraineté de l'Etat, a-t-il insisté, «qui doit se reconstruire sur une bonne restructuration des attributions à tous les niveaux que ce soit local ou central». Cette déclaration semble donner le coup d'envoi pour le démarrage d'un vaste plan de décentralisation, sur laquelle le Président a insisté dans son discours, indiquant que «c'est le moyen idéal pour réussir une politique de proximité». Visiblement irrité par certaines mentalités, le Président a expliqué dans le même ordre d'idées que l'abstention des électeurs constitue une raison de plus pour la pratique de la fraude. «En face de ses droits légitimes, le citoyen doit accomplir son devoir d'élire les gens qui le représenteront» a-t-il indiqué en se référant aux élections de 1997. Cette expérience a donné des résultats dont les chiffres avancés par le chef de l'Etat sont le meilleur argument. En effet, pas moins de 334 présidents d'APC, sur 34 wilayas, sont poursuivis dans des affaires pénales liées à la mauvaise gestion, dont 123 ont déjà été jugés et condamnés. Pour le Président de la République, ce constat n'est pas imputable uniquement à la fraude, mais aussi à l'abstention et à la démobilisation des électeurs.