«Du temps du manuel, le service était plus rapide.» Ces derniers jours, les bureaux de poste se sont transformés en de véritables ruches. La chaleur, la transpiration, les nerfs à fleur de peau, le citoyen vit un véritable cauchemar. Il est là depuis des heures et doit probablement attendre encore longtemps. La raison: le dysfonctionnement du matériel informatique. Ces gens sont fatigués, en colère et parfois dégoûtés de vivre des problèmes d'un siècle révolu. A la poste de Kouba, un homme d'un âge certain s'interroge: «C'est lent. C'est très lent et moi je n'ai plus l'âge de courir et d'attendre. Je crois bien que du temps du manuel le service était plus rapide.» Un citoyen à la Grande-Poste d'Alger se demande: «Pourquoi l'outil informatique, si on ne le maîtrise pas?». D'autres personnes nous ont raconté les aventures des familles algéroises ces derniers jours. Karim se confie: «Pour retirer ma paye, j'ai galéré et ce, depuis le 17 août. J'ai commencé par la poste d'Hussein Dey, les micro-ordinateurs étaient en panne. Même chose à Ben Aknoun et à Alger Centre. Je suis censé faire quoi? J'ai une famille à nourrir et plus un sou en poche.» Les préposés aux guichets des postes en incombent la faute aux responsables du réseau téléphonique. «Ce n'est pas notre faute. On cautionne tout comme le citoyen. Quand les micro-ordinateurs fonctionnent, on travaille. Sinon on attend! On n'est même pas renseigné sur les pannes.» Précisons que durant notre tournée, les agents n'étaient pas toujours à leurs postes. Des citoyens à Alger-Centre ont dû faire appel à leur sang-froid et à un maximum de patience devant un agent qui refusait de travailler sous prétexte qu'il était le seul à son poste. Une dame nous confie: «Je les soupçonne de trafiquer les micros, pour ne pas travailler. Regardez-les, ils sont là pénards et surtout payés!». L'administration, de son côté, refuse de parler de panne et préfère dire «lenteurs». A défaut de responsables à la direction des P et T, qui étaient, selon l'agent de sécurité en réunion, on interpelle le receveur principal de la Grande-Poste qui déclare: «Hier, la Grande-Poste n'a pas subi de pannes informatiques. On a travaillé comme d'habitude. C'est vrai qu'on a signalé quelques problèmes, mais c'était comme d'habitude.» Pour le prouver un agent de la poste nous emmène à la salle de comptabilité où se trouve l'ensemble des chèques postaux encaissés la veille, appelés aussi les «titres». Pour la journée du 27 août, ils sont au nombre de 1745. Il revient aux défaillances du service postal en affirmant: «J'expliquerai ces problèmes techniques par une surcharge au niveau des demandes.» Oui, mais ces surcharges datent-elles d'hier? Le Centre des chèques postaux récuse cette thèse et affirme que le 27 août, tout le monde était de service. Un responsable déclare: «Pour ma personne, j'ai délibéré 43 chèques de secours pour la journée du 27, et c'est la moyenne». Nous avons les micro-ordinateurs, mais avons-nous des hommes pour les faire fonctionner. Sans pour autant les esquinter?