Rien ne va plus dans l'un des principaux bureaux de poste de la capitale, en l'occurrence Hussein-Dey, avec l'arrêt récurrent du système. Ghania Houadria, DG d'Algérie Poste, dénonce un sabotage local. Loin des visites ministérielles protocolaires habituelles, la sortie de Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, hier, à travers plusieurs bureaux de poste de la wilaya d'Alger n'aura pas été vaine. Un périple entamé par le bureau de poste de Kouba où le ministre s'est rendu, hier, en début de matinée, et de poursuivre sur celui de la cité des Annassers couronné avec celui d'Hussein-Dey, le guichet annexe de Hydra et une visite inopinée à la poste de Didouche-Mourad. Pas aussi inopinée qu'en avait l'air, puisque le ministre a été accueilli avec de grands bouquets de fleurs. C'est que tous les bureaux de poste étaient sur le pied de guerre, semble-t-il, depuis l'annonce de cette visite de travail et d'inspection. Une information qui ne semble pas profiter au bureau de poste d'Hussein-Dey où le ministre n'a pas manqué d'attraper une colère noire à la vue des files d'attente des citoyens dénonçant un système défaillant et une situation des plus déplorables qui durent depuis de nombreux mois. “Prenez vos responsabilités”, lancera le ministre d'un ton mordant à l'attention de la DG d'Algérie Poste qui a interpellé, à son tour, le receveur exigeant une explication plausible. Ce dernier a fini par reconnaître des perturbations, mais sans trop de tracas. Contredit sur place par de nombreux citoyens qui, d'une seule langue, ont fait part au ministre des comportements intolérables des employés et le mépris total réservé à leur égard avec une attente qui dure des heures entières pendant plus de trois jours. “Je suis obligé de m'endetter à chaque fois, de m'absenter du boulot et de perdre des heures entières à attendre pour faire un simple retrait”, s'est plaint un citoyen visiblement éprouvé par cette situation qui, de son avis, a trop duré. Un avis plutôt majoritaire et partagé par d'autres voix qui s'élevaient de partout de la poste d'Hussein-Dey. “Revenez demain (aujourd'hui le 23 juillet) et vous verrez la véritable pagaille avec le virement des salaires et des pensions pour les retraités”. Mais où se situe l'anomalie ? Un système informatique défaillant ? Problèmes de transmissions ? De réseaux ? Des agents qui ne maîtrisent pas le fonctionnement de l'outil informatique, du nouveau système interne ? Personne n'est en mesure de dire avec précision ce qu'il en est et de pointer du doigt l'anomalie en question pour y remédier. Le citoyen, qui sollicite régulièrement la Poste, en pâtit lourdement. Changement de bureau de poste d'Hussein-Dey à Hydra et l'explication est toute trouvée. “Il s'agit d'un acte de sabotage, un complot au niveau local contre le receveur du bureau de poste d'Hussein-Dey de la part de certains éléments qui ne veulent pas de la nouvelle discipline imposée par ce responsable muté depuis environ un an et demi”, a déclaré Houadria aux côtés du ministre. L'enquête sera menée pour identifier les coupables, promettent les deux responsables. Mais ce n'est pour autant que les déboires des citoyens seront réglés. Le malaise est beaucoup plus profond, nous a confié un responsable au niveau d'Algérie Poste, qui a requis l'anonymat. “La Poste a entamé, en effet, sa mue mais le passage se fait au forceps. Les moyens sont, en effet, investis mais restent loin d'être suffisants. Les équipements ne posent pas de problème, mais les ressources humaines ne suivent pas du fait du départ des meilleurs éléments pour la simple raison qu'ils ne sont pas bien rémunérés pour ne citer que cet exemple”, nous dira-t-il. Un malaise qui se répercute inéluctablement sur la qualité de service au grand dam du citoyen qui souvent ne trouve aucune oreille attentive à ses doléances. La Poste représente pourtant pas moins d'un million de clients/jour qui la sollicitent quotidiennement impartis sur les 3 300 bureaux de poste sur tout le territoire national qui atteignent les veilles des jours de fête presque 2 millions de clients/jour. C'est aussi une manipulation de 16 000 milliards de DA/an comme cela était le cas en 2005 (sommes ayant transité par les bureaux de poste). pour dire toute l'importance que revêt la Poste qui à ce rythme peine, cependant, à devenir une banque postale et va jusqu'à perdre sur certains segments, ne résistant pas à la concurrence qui devient de plus en plus féroce. À partir de 2008, à titre d'exemple, la Poste n'aura plus le monopole sur le courrier express de plus de 50 g qui pourra être distribué par n'importe quel opérateur. Plusieurs autres segments d'activité peuvent aussi échapper à la Poste, si elle ne revoit pas vite sa copie en termes de priorité à adapter aux exigences actuelles. Aberrant, d'ailleurs, de constater que la Poste ne dispose pas d'une direction de monétique et se contente d'un petit service au moment même où la monétique et au cœur de tous les bouleversements. Cela n'est pas sans signaler tous les efforts qui sont fournis pour être en phase avec la modernité et ce qui se fait dans le monde à travers les GAP et DAP et d'autres services pour lesquels le ministre a avancé des chiffres suivants : entre 2008 et 2009, l'on enregistrera 15 bureaux de poste supplémentaires au niveau d'Alger qui dispose déjà de 162 bureaux de poste qui fonctionnent avec 553 micro-ordinateurs pour environ 3 millions d'habitants couverts par 529 facteurs. L'on enregistre aussi 58 guichets automatiques (GAP) auxquels on rajoutera 25 autres et 48 caisses équipées avec 40 autres attendues prochainement. Ainsi, la Poste a atteint le 1 million 700 000 cartes à puce distribuées avec des prévisions d'arriver à écouler 4 millions et demi d'ici la fin de l'année en cours pour couvrir 30 wilayas du pays au lieu des 13 concernées actuellement. Un défi que s'est fixé la Poste qui connaît, cependant, des soucis à ce niveau à cause de certains vieux billets ou déchirés que la machine rejette automatique et rend le retrait impossible. La Poste fait face aussi à des demandes insatisfaites pour ce qui est des timbres fiscaux qui sont curieusement disponibles au niveau des libraires. Les citoyens se sont plaints aussi pour les retards dans la délivrance des carnets de chèques et l'absence des chèques de secours au niveau des bureaux de poste. La Poste a visiblement du pain sur la planche avant de prétendre être prête à devenir une banque et ce, malgré ces 8 millions de clients… Nabila Saïdoun