Depuis que le FMI a annoncé le programme de ventes de son or, le prix de ce métal a flambé atteignant le record de 1100 dollars l'once. Depuis la crise qui a secoué plusieurs économies, beaucoup de dirigeants de pays ont compris la valeur de ce métal mythique qui est plus importante que la monnaie «en papier» et qui est plus fort que toutes les devises réunies. Pour rappel, l'ascension de ce métal (l'or) depuis les années 80 montre une tendance haussière malgré la rupture de la liaison entre l'or et le dollar opérée en 1971 aux USA. Cependant, il y avait une certaine liaison entre la masse monétaire en circulation et les réserves d'or de ce pays dont les chiffres ont été publiés par la Réserve Fédérale jusqu'en mars 2006. Les derniers chiffres publiés indiquent que pour chaque once d'or détenu par la Réserve Fédérale, il y a environ 6966 $ en circulation (mars 2006). Depuis cette date, aucun chiffre n'a été publié à ce sujet. Les estimations faites par les experts donnent actuellement 39.296 $, par la bénédiction de la planche à billet qui a fonctionné à plein régime pour «protéger» les ménages (3). On note que ce pays dispose, selon le World Gold Council, de 8133,5 tonnes d'or à mars 2009. Cette importante quantité explique l'intérêt porté par cette puissance à l'or métal et à sa valeur pour les années à venir. En avril 2008 les Etats mem-bres du FMI ont demandé à cette institution de vendre le tiers de ses réserves d'or, soit 403 tonnes. Le coût de l'once prévisionnel était de 850 dollars. Selon cette institution, la transaction est une étape importante pour parvenir aux objectifs, du programme de ventes d'or du FMI, qui vont permettre d'accroître des prêts concessionnels aux pays pauvres, tout à fait nécessaires(1). Depuis, le marché de l'or a flambé. En 2009, il dépassait les 1100 dollars l'once et c'est à ce moment que la vente s'est concrétisée. Les analystes de la Banque indienne, ayant fait une analyse du marché, ont raflé 200 sur les 400 tonnes d'or mises sur le marché par le FMI, pour un montant de 6.8 milliards de dollars, soit un coût moyen de 1045 US $/oz. Ainsi les réserves d'or de l'Inde ont été accrues de 70%. Beaucoup de pays ont suivi l'exemple de l'Inde: la Chine, le Sri Lanka, le Kazakhstan et même l'Algérie qui passe à un niveau très appréciable de l'or dans ses réserves(2). Cette attitude est dictée par la tendance du marché des matières premières (surtout l'or, l'argent et depuis quelques semaines le cuivre, les platinoïdes et l'uranium) couplée à la dépression qui a secoué certaines économies occidentales et le fait avéré que l'or se comporte mieux que n'importe quelle devise fiduciaire. Un des enseignements de la crise qui ont secoué plusieurs pays en 2008 et 2009 est de stocker l'or métal dans leurs réserves au lieu des dollars et des euros. Ceci relève d'une attitude protectrice des économies nationales et du fait que dans un proche avenir, les gisements d'or seront dans les banques et non dans le sous-sol; les découvertes de gisements importants se faisant de plus en plus rares. La Chine, pour les besoins de son industrie qui génère un taux de croissance à deux chiffres, multiplie les acquisitions de gisements à travers le monde. Le plan de relance de la Chine, en dix points, prévoit 580 milliards de dollars à investir dans un délai très court afin de maintenir son niveau de croissance intérieure et pour participer, en tant que leader, dans le développement de certains pays africains où il multiplie les acquisitions de mines et de gisements. Cet impressionnant budget d'investissement réserve une quote-part importante au secteur des mines, d'où cette frénésie de recherche de gisements, toutes substances confondues, à travers le monde. Pour ce pays, il est impératif d'acquérir des gisements d'or, de cobalt, d'argent, de molybdène, de zinc, de plomb, de terres rares, d'uranium, etc. pour réussir son développement. L'enjeu est bien compris, la Chine prévoit l'installation de dix réacteurs nucléaires, chaque année jusqu'en 2015. Ceci se traduira par une consommation importante de matières premières qui ne peuvent être trouvées qu'ailleurs. N'est-ce pas que le moment est propice pour mettre les bouchées doubles et inscrire notre stratégie de développement dans cette mouvance? N'est-il pas opportun de nous inscrire dans cette dynamique externe qui pourrait nous éloigner du tout-hydrocarbures et permettre à notre économie de se diversifier étant donné notre potentiel important en substances minérales? Les environnements géologiques et métallo-géniques où peuvent se mettre en place des gisements d'or, d'uranium, de molybdène, de zinc-plomb, de cuivre, de diamant existent et sont bien identifiés chez nous. Une nouvelle stratégie de développement et d'intensification de l'exploration minière doit être affirmée et orientée afin de pouvoir s'agripper à ce trend haussier de matières premières dont a bien besoin notre économie pour sortir de cette situation de «marasme» induite par le mono-produit hydrocarbure. Notre pays possède tous les moyens législatifs et réglementaires qui l'empêchent de sombrer dans des situations incertaines. Comme a été d'ailleurs le cas de certains pays africains qui ont utilisé des partenariats avec des sociétés minières multinationales pour exploiter des gisements d'or, (le Mali produit plus de 40 tonnes), mais qui n'ont eu bénéfices que d'infimes ressources financières et hérité d'un environnement après-mine très pollué. C'est dans ces environnements que vivent encore des populations non prises en charge, faute de verrouillages législatif et fiscal. Cela s'est traduit par des désastres écologiques et des catastrophes environnementales. Les mécanismes de gestion de l'environnement mis en place dans notre pays nous éloignent beaucoup de ces tragédies vécues dans ces pays d'Afrique et le potentiel minier est important pour développer dès aujourd'hui d'importants gisements de substances minérales qui aboutiront à coup sûr à des mines qui emploieront beaucoup de personnes et qui réduiront beaucoup les importations car, une économie saine est d'abord diversifiée. (*) Expert en Etudes géologiques et minières Références (1) le figaro.fr du 3 novembre 2009 (2) Diverses Chronique Agora