Les bénéficiaires de l'exportation des pâtes comptent faire payer au ministre ses décisions jugées inappropriées. L'Association nationale des exportateurs (Anexal) n'est pas convaincue par les arguments ayant présidé à l'interdiction de l'exportation du couscous et des pâtes alimentaires. Son président, Omar Djebbara, souligne que ce créneau est un marché privilégié pour l'Algérie. Selon lui, la circulaire ministérielle de août 2009 interdisant l'exportation des produits à base de céréales subventionnées, est en contradiction avec la volonté du gouvernement d'augmenter les exportations hors hydrocarbures. L'enjeu est de taille pour les entreprises comme SIM et La Belle, ainsi que deux ou trois autres qui en exportent pour une valeur de 12 millions de dollars par an. Ce n'est rien à côté des 3 milliards de dollars d'importations des céréales, a dit Omar Djebbara, sous-entendu que l'Etat aurait pu fermer l'oeil sur cette partie insignifiante des exportations qui ne lui coûtent pas tellement, même si les intrants sont subventionnés. L'argument du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, est que l'Etat n'a pas les moyens de distinguer entre les produits subventionnés et ceux qui ne le sont pas. Les conventions signées entre l'Algérie et l'Organisation mondiale des douanes spécifient clairement que ce genre d'opérations est permis. La mesure gouvernementale ne se limite plus aux produits fabriqués avec des céréales subventionnées. Même si l'industriel importe par ses propres moyens, il ne pourra plus exporter. La suspension de commandes est aussi un préjudice qui aura des conséquences sur toute l'économie car les entreprises algériennes perdront leur crédibilité, selon l'association. Les responsables de l'association sont outrés par le fait qu'ils n'ont été informés à aucun moment de la prise de cette décision avant qu'elle ne devienne effective. Même plus tard, ils n'ont jamais été reçus par le ministre. Des courriers lui ont été adressés ainsi qu'au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour protester contre cette décision. Les entreprises de pâtes et de couscous, comptant sur leurs propres importations d'intrants, avaient réussi à se constituer un bon réseau de clients à travers le monde, mais ce travail qui a nécessité des années a été remis en cause par la décision du ministre. Cela ne fait qu'ajouter aux difficultés des exportateurs qui se disent victimes de la bureaucratie et de la faiblesse du marketing. Pour les transformateurs de produits alimentaires, il y a aussi le problème d'irrégularité des approvisionnements de l'Office algérien interprofessionnel des céréales qui est signalé. La seule consolation dans cette affaire reste que les industriels peuvent toujours s'adresser au marché local pour absorber leur production. L'Oaic a avisé les transformateurs de céréales qu'ils avaient jusqu'au 1er juin pour reprendre leurs approvisionnements en blé dur sous peine d'être exclus des prestations de l'Office en cas de renchérissement des prix mondiaux. Mais il n'y a que des opposants à cette décision du ministre. Ainsi, M.Idriss Yalaoui, consultant et ex-président de l'Association des exportateurs algériens, est un adepte de ce qu'il qualifie de grand effort pour équilibrer le commerce extérieur. Il souhaite le maintien de cette décision. Selon lui, les exportations de pâtes alimentaires sont faibles et ne représentent pas d'importantes recettes pour l'Algérie, comparativement aux pays du pourtour méditerranéen qui exportent de grandes quantités, à l'instar de l'Italie. Il ajoute que les opérations d'exportations algériennes ne sont pas régulières. Tout cela fait un peu désordre, dans la mesure où certains préfèrent, au contraire, profiter d'une conjoncture dans laquelle les marchés internationaux de blé ont faibli, pour saisir cette opportunité et procéder à des achats.