Les recettes d'exportation de l'Algérie ont baissé après le retrait de ce produit à l'exportation. Les opérateurs algériens sont toujours soumis à l'interdiction d'exporter les pâtes alimentaires produites à base de blé tendre et dur importés. Les recettes des exportations ont ainsi baissé de 10 millions de dollars. C'est l'an dernier, au mois de septembre plus exactement, qu'une circulaire du ministère du Commerce a entériné cette décision. Elle continue de soulever le tollé général des exportateurs privés. Ils ne peuvent plus contribuer à augmenter le volume des exportations hors hydrocarbures. Ces dernières avoisinent 98% du volume global des exportations que monopolise comme on le sait, le groupe Sonatrach. Contacté hier par notre journal, Nacer Eddine Kara, vice-président de l'Association nationale des exportateurs algériens, a dit qu'il comprenait le désarroi et la tourmente des exportateurs de produits alimentaires sous le label algérien. Il estime que le ministère aurait très bien pu distinguer l'origine des matières premières desquelles sont issues les pâtes alimentaires. La conséquence de la décision du ministère sera la perte de parts de marché alors que d'autres exportateurs prendront la place des Algériens. Déjà, les Français sont devenus les premiers exportateurs vers les Etats-Unis. A côté de cela, il y a les meuneries qui menacent de fermer. Cela fait peser une menace sur les emplois. S'il y a un arrêt d'activité, l'Algérie a toutes les chances de devenir importatrice de pâtes, ajoute notre source. Réagissant aux propos du ministre du Commerce, d'autres sources précisent que les géants minotiers d'Algérie, dont notamment le groupe SIM, «importent eux mêmes le blé nécessaire pour produire des pâtes alimentaires dont le couscous». Balayant ainsi, d'un revers de main les allégations selon lesquelles leurs produits exportables sont façonnés à partir de blé importé subventionné, notre interlocuteur a estimé que «ce n'est pas le moment de mettre des bâtons dans les roues des exportateurs hors hydrocarbures, mais plutôt celui de se mobiliser pour augmenter le quota de nos exportations hors hydrocarbures, notamment vers l'Europe ou la Zone arabe de libre-échange et placer ainsi le label algérien sur les marchés internationaux, notamment face à une concurrence féroce». Ces exportateurs risquent, en effet, de perdre beaucoup d'argent, de réduire leur personnel et assister passivement aux délocalisations de marchés étrangers au profit de certains pays voisins. Sommés aujourd'hui de s'approvisionner au marché local de «céréales produites en Algérie», qu'en-est-il de leur devenir d'autant plus que «la levée de cette interdiction n'est pas pour demain?», s'interroge notre interlocuteur. Notre source a regretté que les exportations hors hydrocarbures comportent un taux important de produits ferreux et non ferreux et autres sous-produits d'hydrocarbures pétrochimiques, le peu restant étant composé de produits manufacturés et agroalimentaires. La même source estime nécessaire que se tiennent des discussions, des concertations et que soit instaurée une certaine coordination intersectorielle, ministérielle même, car tous les départements ministériels sont concernés et non pas uniquement celui du Commerce. Selon ces sources, une synergie active entre les différents acteurs doit être observée. Les conséquences de la décision du ministère risquent de handicaper la production de certains groupes comme La Belle ou SIM. Cet industriel dispose de quatre semouleries, d'une capacité de 800 tonnes /jour), de trois minoteries (500 t/jour), de deux unités de pâtes courtes, d'une unité de pâtes longues et de deux unités de couscous. Il exporte ses produits en Europe, notamment vers l'Italie, la France et la Belgique, mais aussi au Moyen-Orient (Liban et Dubaï) ainsi qu'en Libye et au Canada. Il compte, en outre, s'installer prochainement en Angleterre. Il y a lieu de préciser que le groupe SIM exporte vers 29 pays, dont les Etats-Unis, et que des milliers de tonnes de produits sont bloqués à la suite de cette mesure introduite par le ministère du Commerce.