Le football anglais a accueilli sans drame le forfait pour le Mondial-2010 du milieu David Beckham, qui n'est plus considéré depuis longtemps comme une pièce importante de l'équipe. «La blessure de David Beckham est un désastre pour le joueur. Pas pour l'Angleterre. C'est triste sur un plan personnel, en aucun cas une tragédie nationale», résume le Daily Telegraph. «Les sélections comme l'Angleterre peuvent s'adapter à la blessure d'un joueur comme Beckham», renchérit l'ancien capitaine de «Golden Balls» à Manchester United, Roy Keane. Que le tendon d'Achille rompu de la star ait très vite été relégué par la presse sportive britannique derrière le retour à Chelsea de Jose Mourinho, est éloquent. S'il a poliment assuré qu'il comptait sur le joueur du Los Angeles Galaxy pour les qualifications de l'Euro-2012, le sélectionneur Fabio Capello a des sujets de préoccupation autrement importants, notamment la blessure du latéral gauche Ashley Cole. Celle de Beckham lui retire même une épine du pied. «Ce n'est en aucun cas un coup dur», assure l'ancien capitaine de la sélection aux trois lions, Alan Mullery. «Je n'aurais pas pris David Beckham parce que nous avons trois ou quatre joueurs plus utiles.» James Milner, Shaun Wright-Phillips, Joe Cole, Aaron Lennon, Theo Walcott, voire l'étoile montante du football anglais, Adam Johnson, sont plus tranchants. La place libérée pourrait permettre à Capello d'apporter un peu d'équilibre à son groupe en y incluant par exemple un défenseur central supplémentaire. L'absence de Beckham épargnera à l'Italien le «Beckham circus», une folie médiatique entourant la sélection que l'Italien a identifiée comme une des explications du fiasco anglais au Mondial-2006. Pour l'Angleterre, Beckham restera un bon joueur, en aucun cas un grand joueur. Il pouvait devenir le premier anglais à disputer quatre phases finales. Mais il est difficile d'oublier que les trois précédentes ont écrit l'histoire d'un échec. Bêtement exclu en 1998 pour avoir répondu à une provocation de Diego Simeone lors du 8e de finale de l'élimination, il avait renoncé à tacler un Brésilien juste avant le but de Ronaldinho qui avait encore poussé l'Angleterre vers la sortie en quarts en 2002. Capitaine en 2006, il avait été incapable d'extirper son équipe de la médiocrité. Depuis son départ dans le championnat nord-américain, il était considéré comme un pré-retraité, une impression que ses performances récentes ne faisaient que confirmer. Ses compatriotes, paradoxalement souvent moins sujets à la «Beckamania» que d'autres, comptent désormais l'utiliser là où il est utile: en marketing. Dès l'annonce du forfait de Beckham, rentré à Londres mercredi, le patron de la candidature pour le Mondial-2018, Andy Anson a confirmé que le joueur resterait la figure de proue de sa campagne: «Il est David Beckham. Il est une icône sportive majeure.» A défaut d'être encore un joueur qui pèse.