Sur l'ensemble des 5575 personnes poursuivies lors des quatre dernières années pour dilapidation et détournement de deniers publics, 1162 ont été condamnées en 2009. La corruption fait rage en Algérie. Les chiffres en témoignent. Mais, l'Etat se dit décidé à combattre ce phénomène. Pour y parvenir, les autorités algériennes ont décidé de mettre en place de nouveaux mécanismes de lutte, en plus des lois déjà adoptées dans ce but. Aussi, une instance nationale de lutte contre la corruption sera créée prochainement. C'est ce qu'a déclaré, jeudi dernier, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux. «On procédera à la mise en place prochainement de l'instance nationale de lutte contre la corruption ainsi que la révision du Code des marchés publics», a-t-il dit, jeudi, lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales à la chambre basse du Parlement. Cette démarche traduit la volonté de l'Etat de renforcer son réseau de lutte contre la corruption qui gangrène le pays, comme en témoignent les derniers scandales révélés par la presse nationale. Des dilapidations de deniers publics ont été signalées au niveau même des grandes institutions du pays. Des milliers de personnes ont été poursuivies et condamnées pour des affaires liées à la corruption. Le ministre de la Justice a, ainsi, rappelé aux députés les chiffres effarants de personnes arrêtées dans des affaires de corruption. Il a avancé celui de 5575 personnes poursuivies ces quatre dernières années. Ainsi, le ministre a expliqué que «ce nombre considérable» d'affaires de corruption est le résultat de la volonté de l'Etat qui a décidé de mener, à travers la mise en place de mécanismes et de moyens de «prévention», un combat sans relâche pour «éradiquer ce sport national». Continuant dans son langage des chiffres, le ministre décortique le nombre de personnes jugées chaque année et ce depuis 2006. A ce sujet, M.Belaïz déclare que 930 personnes accusées dans des affaires de corruption ont été jugées en 2006. Ce chiffre a doublé en l'espace d'une année. En 2007, il est passé, ainsi, à 1789 personnes. Même si les affaires relevées en 2008 et en 2009 ont diminué, respectivement à 1694 et à 1162 condamnées, le phénomène continue à prendre de l'ampleur. Certainement que des affaires n'ont pas été dénoncées et les services compétents n'en ont pas eu vent. D'ailleurs, le ministre avoue que plusieurs autres enquêtes sont en cours. Il a fait savoir que d'autres dossiers sont au stade des enquêtes préliminaires. Le ministre a affirmé que le taux le plus élevé de délits de corruption est enregistré dans des affaires de dilapidation des biens, par un seul fonctionnaire avec 55,16% de délits, allusion peut-être au scandale de la BNA. Concernant le crime lié à «l'attribution d'avantages injustifiés dans les marchés publics», le ministre estime qu'il est de 11,37%. Le ministre enchaîne que 10,89% des crimes liés à ce fléau concernent les fonctionnaires. Après avoir avancé ces chiffres qui font peur, le ministre a tenu à rassurer «les élus du peuple», en énumérant les différents mécanismes mis en place pour venir à bout de ce fléau. Il a rappelé ceux des pôles spécialisés dans la lutte contre la corruption, la formation des magistrats de jugement et d'instruction et les procureurs généraux dans ce domaine, ainsi que le la réhabilitation de la Cour des comptes afin de contrôler les dépenses publiques. Le ministre souligne que cette politique prouve que l'Etat affiche sa «ferme» volonté politique de lutter contre la corruption sous toutes ses formes.