Le Brent de la mer du Nord a laissé filer près de 2 dollars par rapport à la séance de jeudi. L'avenir du marché de l'or noir semble cependant assuré pour de nombreuses années encore. La thèse des tenants du Peak Oil, pic pétrolier, qui ont prédit un épuisement proche des ressources, devrait être remise en cause en vue d'agir de facto vers un recul de cette échéance fatidique. Le Mexique et le Vénézuela viennent en effet d'annoncer une augmentation de leurs réserves. La compagnie pétrolière Nationale Petroleos Mexicanos, Pemex, a fait part de réserves nouvelles localisées dans deux gisements du golfe du Mexique d'un volume de 2 milliards de barils découverts entre 2008 et 2009. Jeudi, le ministère vénézuélien de l'Energie et du Pétrole a, à travers un communiqué, révélé que les réserves prouvées de pétrole du sous-sol de son pays, avaient augmenté de 23% à la fin de l'année dernière. Il faut rappeler que dans leur lettre mensuelle publiée au mois de janvier 2008, l'Association pour l'étude du Peak Oil and Gas, Aspo, avait annoncé que le pic pétrolier allait être atteint en 2010. Ces deux rassurantes bonnes nouvelles n'ont pas apparemment eu d'impact sur le soudain plongeon du baril qui s'est permis une courte incursion sous le seuil symbolique des 80 dollars. Deux facteurs semblent y avoir fortement contribué: les inquiétudes qui pèsent sur l'économie grecque et le renforcement de la devise américaine. Vendredi, le dollar s'est échangé à 1,3503 pour un euro. «La chute des prix est due à la dégringolade de l'euro face au dollar. Tous les marchés baissent, le pétrole s'aligne donc sur les autres places financières», a expliqué Andrey Kryuchenkov, analyste du fonds VTB Capital. Le regain de tensions géopolitiques dans le sud du Nigéria n'a été, malgré tout, d'aucun effet sur le recul des cours de l'or noir. Tous les regards étaient tournés vers une Grèce plus que jamais dans la tourmente. «La situation de la Grèce bénéficie au dollar au détriment de l'euro et de la livre sterling, ce qui pèse sur les prix», a commenté l'analyste de MF Global, Mike Fitzpatrick. Par ailleurs le marché pétrolier a aussi réagi, en s'orientant à la baisse, après que l'Inde, qui a vu son inflation s'amplifier, ait décidé de relever ses taux directeurs. Sur le New York Mercantile Exchange, Nymex, le baril de «Light Sweet Crude» a accusé un repli de l'ordre de 1,52 dollar par rapport à la séance de la veille clôturant ainsi la semaine à 80,68 dollars. En ce qui concerne les chiffres du rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie, qui se sont télescopés avec la décision de l'Opep de maintenir inchangés ses quotas, c'est pratiquement le même scénario qu'il y a quinze jours, qui s'est répété. Les stocks de brut ont progressé plus que prévu. De 1 million de barils. Les réserves d'essence ont baissé de 1,7 million de barils tandis que ceux des produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont chuté de 1,5 million de barils. Après avoir pris et digéré toutes ces statistiques, le baril de pétrole a terminé en nette progression mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange, «le Light Sweet Crude», pour livraison en avril a enregistré une hausse de 1,23 dollar pour terminer à près de 83 dollars. 82,96 dollars exactement. Les 80 dollars semblent être devenus «une référence pivot» autour de laquelle évoluent les cours de l'or noir. Assisterons-nous à leur décollage? La croissance mondiale, qui affiche des signes de bonne santé, devrait favoriser leur envolée. C'est en tous les cas ce que soutient Jason Shenker. «L'Opep aura besoin de se réunir au moins une fois avant sa réunion d'octobre. Il est inconcevable que l'Opep ignore une forte envolée des prix, qui pourrait bien se produire cet été», estime l'analyste de Prestige Economics.