Le chanteur kabyle est retourné puiser à la source. Mémorable! Le week-end dernier, était particulier et mémorable pour les citoyens des localités de Tibane et de Souk Oufella et pour cause, le chantre de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet était leur hôte. L'artiste, le plus adulé en Kabylie, a tenu, malgré le climat pesant né des tentatives de personnes malintentionnées, à rendre visite à ceux qui l'ont, une semaine durant, honoré en organisant une semaine culturelle portant sur ses oeuvres et son parcours artistique. La présence de la figure emblématique était l'événement que beaucoup d'autres citoyens de la région avaient tenu à partager. L'émotion forte suscitée par la présence de l'artiste était encore perceptible chez les citoyens qui garderont encore longtemps, le souvenir du passage de cette grande et humble personnalité. Ils étaient tout simplement impressionnés par la simplicité, le courage et l'abnégation d'un artiste qui a tout pour vivre loin des siens, mais qui ne l'a pas fait, car comme il a aimé l'expliquer lui-même: «Je serai toujours aux côtés de mon peuple dans les moments difficiles.» En venant à Tibane, Lounis Aït Menguellet aura fait d'une pierre deux coups: saluer tous ceux qui l'aiment et l'encouragent, et c'est là, l'essentiel de la visite, mais aussi, prouver à tous ses détracteurs que l'estime et le respect que lui vouent les citoyens demeurent intacts. En effet, dès les premières heures de la journée, des citoyens jeunes et moins jeunes, ont afflué vers Tibane avec l'espoir d'approcher l'idole de plus d'une génération. La popularité de l'artiste était telle que des heures avant son arrivée, la situation était déjà insoutenable tant la foule de visiteurs grossissait rapidement. Les organisateurs, pourtant habitués aux grands rendez-vous, montraient des signes de dépassements devant l'exiguïté du lieu de rendez-vous. Lounis Aït Menguellet arrivera avec deux heures de retard. Auparavant, il était l'hôte des villageois de Tiliwacadi, commune de Souk Oufella, où il inaugurera d'abord, la bibliothèque du village avant de se recueillir sur la tombe du jeune martyr du printemps noir 2001, Bettar Yacine. Tout au long du trajet, les femmes ont poussé des youyous stridents, façon à elles d'accueillir l'artiste d'hier et d'aujourd'hui. Des scènes de liesse et de joie, mais aussi des bousculades n'ont pas manqué ce jour-là dans ces paisibles localités. Le monument de la chanson kabyle, comme aime à le présenter ammi Saïd, était visiblement surpris par tant de reconnaissance et d'hospitalité que les villageois lui ont témoigné avec beaucoup de sincérité. Les gardes du corps de l'artiste avaient eu du mal pour lui frayer un passage vers le véhicule devant l'emmener à Tibane où le même accueil lui a été réservé. Arrivé devant le siège de l'APC, il fut accueilli par les organisateurs de la semaine culturelle et les autorités locales qui le conduisirent dans la salle des conférences où il a eu droit à une visite guidée d'une exposition de photos. Ni la chaleur étouffante ni le soleil de plomb n'ont eu raison de la volonté de la foule qui a tenu à rester là, jusqu'au départ de Lounis. Touché par cette présence inespérée, Lounis Aït Menguellet s'est adressé sur le perron de la mairie aux milliers de citoyens pour les remercier. «Je suis très touché par l'estime et le respect que vous m'avez manifestés. Je suis là, parmi vous et je le demeurerai tant que je serai vivant», dit-il sur un ton plein d'émotion.