Le journal londonien Al Hayat rapporte que le montant des rançons payées par les Européens est estimé à 10 millions d'euros. Avant de situer le contexte dans lequel est intervenue la visite éclair jeudi dernier, à Alger, du directeur adjoint du Bureau fédéral d'investigation (FBI) américain, relevons d'abord cette coïncidence: le responsable du FBI, John S. Pistole, est arrivé à Alger au moment où certains titres de la presse nationale annoncent la disparition «mystérieuse» d'un ressortissant israélien dans le Sahara algérien. Selon la presse israélienne qui a rendu publique l'information, le disparu serait détenteur d'un passeport espagnol. Le journal algérien online Toutsurlalgérie (TSA) a été le premier à faire ce parallèle entre la visite et cette disparition. «Cette affaire pourrait expliquer la visite éclair de quelques heures effectuée, jeudi 25 mars, par le directeur adjoint du FBI à Alger» a écrit TSA. Mais cet Israélien est-il aussi important au point de mobiliser un haut responsable du FBI? D'autant que le FBI a ses structures à Alger. Selon la chaîne américaine CBS, le FBI avait inauguré le bureau d'Alger en juillet 2002 dans le cadre d'un programme dénommé «Alliance Base» pour la coopération sécuritaire mutuelle entre les services de sécurité des deux pays. Pour leur part, les autorités algériennes ont annoncé officiellement l'existence d'un bureau du FBI à Alger en avril 2008. Il aurait fallu donc actionner ce bureau pour s'enquérir de cette disparition, à moins que l'Israélien soit un membre de haut rang du Mossad (services secrets israéliens). Mais là aussi une question s'impose: que faisait-il au Sahara algérien? Cela étant, le contexte de cette visite n'est pas non plus dénué d'événements qui expliqueraient un pareil déplacement. Officiellement, ce chef du FBI s'est entretenu avec des responsables de la Gendarmerie nationale et de la Direction générale de la Sûreté nationale. Inévitablement donc, il a été question de sécurité et de terrorisme. Inévitablement aussi, il a été question de la «black liste» sur laquelle l'Algérie a été inscrite par les Etats-Unis. On peut supposer qu'après de «longs efforts» d'explication et de concertation menés par le ballet des émissaires américains à Alger, est venu le temps d'ôter enfin l'Algérie de cette «liste de la honte», comme la qualifient tous les ressortissants algériens qui se sont rendus sur le sol américain. Mais si les Américains n'ont pas demandé l'avis d'Alger avant de l'inscrire sur cette liste, vont-ils le faire pour l'effacer? Une autre hypothèse, pour expliquer les dessous de cette visite, a été servie, fraîche et emballée dans un article du journal londonien Al Hayat. Pour ce quotidien, les discussions entre John S. Pistole et les responsables algériens ont porté sur la collaboration sécuritaire. Le journal rapporte que l'Algérie devait remettre au responsable du FBI une nouvelle liste des responsables d'Al Qaîda au Maghreb en vue d'entamer le gel de leurs comptes. Le journal a estimé la somme amassée dans les paiements des rançons pour la libération des otages à 10 millions d'euros. Auparavant, les comptes de cinq responsables d'Al Qaîda ont été gelés par les Américains sur proposition de l'Algérie. Le journal cite les noms de Abou Mossab Abdelwadoud (Abdelmalek Droukdel) le chef présumé d'Al Qaîda au Maghreb (Aqmi), l'émir de la même organisation au Sahara, Yahia Djouadi (Abou Ammar), et de son adjoint, Abdelhamadou (Abdelhamid Abou Zayed, l'émir de la katiba «Tarek Ibnou Zyad»), le responsable de la cellule d'information, Kacimi Al Makani (Abou Mohammed) et enfin Ahmed Deghidegh, le responsable malien d'Al Qaîda. Avec cette nouvelle liste, l'Algérie possède un argument de taille pour plaider auprès des Américains le dossier de la criminalisation du paiement des rançons. Un dossier qui fera du «bruit» surtout que ces derniers mois, la situation se corse au Sahel. Il convient de relever que ce déplacement intervient quelques jours après la tenue à Alger d'une rencontre sur la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Les Américains ont exprimé leur soutien à cette initiative, à l'instar d'autres capitales occidentales comme Paris et Londres.