Un double attentat suicide a été perpétré hier matin à l'heure de pointe dans des rames du métro de Moscou, faisant 37 morts et 38 blessés, rapportent les autorités. Deux femmes, d'après les enquêteurs, ont déclenché leurs explosifs à l'intérieur de deux trains bondés, provoquant des scènes de panique dans les stations, où les usagers sont tombés les uns sur les autres en tentant de s'enfuir dans la fumée et la poussière. Le président Dmitri Medvedev a ordonné le renforcement des mesures de sécurité dans tout le pays et promis de lutter "jusqu'au bout et sans hésitation contre la terreur", tout en appelant au respect des droits de l'homme pendant les opérations policières, a déclaré un porte-parole du Kremlin. "Il est difficile de prévenir les attentats de ce genre et de garantir la sécurité dans les transports. Il faut renforcer sensiblement les contrôles exercés dans ce domaine. Il est en outre indispensable d'examiner ce problème non seulement relativement aux attentats en question, mais aussi à l'échelle de l'Etat", a déclaré le président russe lors d'une réunion convoquée d'urgence au Kremlin à l'occasion des attentats dans le métro de Moscou. "Il est évident que les mesures déployées jusqu'à présent sont insuffisantes", a conclu le président russe. Pour sa part, le premier ministre russe Vladimir Poutine a indiqué que les auteurs de ces attentats seront punis. "Un crime affreux par ses conséquences et ignoble par sa nature, a été perpétré lundi à Moscou. Des dizaines de personnes ont été tuées dans le métro. Je suis persuadé que les organes judiciaires feront tout pour retrouver et châtier les criminels. Les terroristes seront anéantis", a indiqué M.Poutine lors d'un duplex avec le Centre de contrôle du ministère russe des Situations d'urgence. Les attentats, les plus meurtriers depuis six ans dans la capitale russe, n'ont pas été revendiqués. Les soupçons se porteront en premier lieu sur les activistes du Nord-Caucase, où le Kremlin combat plusieurs foyers d'insurrection islamiste. Le chef du Service fédéral de sécurité, Alexandre Bortnikov, a déclaré que les deux femmes étaient sans doute originaires de cette région. La première explosion s'est produite peu avant 08h00 (04h00 GMT) et a détruit le deuxième wagon d'une rame de métro arrêtée à la station Loubianka, dans le centre-ville, près du quartier général du FSB, le service du renseignement intérieur. Elle a fait au moins 23 morts, les autorités évoquant des victimes tant à l'intérieur du train que sur le quai. Une seconde explosion est survenue une quarantaine de minutes plus tard à la station Park Koultouri. Elle a également frappé le deuxième wagon d'une rame et fait entre 12 et 14 morts, d'après le ministère des Situations d'urgence. "Deux femmes terroristes kamikazes ont commis ces attentats à la bombe", a déclaré à la presse le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à la station Park Koultouri. Selon des données provisoires, les engins explosifs actionnés lundi matin dans le métro de Moscou possédaient une puissance d'environ 3 kg d'équivalent TNT, a annoncé la cellule anticrise mise en place par le Comité antiterroriste national. "Selon des données non définitives, des engins de près de 3 kg d'équivalent TNT ont été actionnés, deux femmes kamikazes sont soupçonnées", lit-on dans un communiqué de la cellule. Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête pour terrorisme après la découverte par les experts légistes des restes d'une femme kamikaze. Des images des caméras de surveillance, diffusées sur internet, ont montré des corps inanimés allongés dans l'entrée de la station Loubianka, où les victimes étaient prises en charge par des équipes d'urgentistes. "Les gens hurlaient", a déclaré un témoin à la station Park Koultouri. "En deux minutes, la fumée a tout envahi." Certains blessés ont été évacués par hélicoptère vers les services d'urgence des hôpitaux, d'autres étaient conduits vers les ambulances alignées à l'extérieur des stations. Avec ce bilan provisoire, ces attentats sont les plus meurtriers à Moscou depuis février 2004, lorsque 39 personnes avaient péri et une centaine d'autres avaient été blessées dans une attaque suicide dans le métro. Cette attaque avait été imputée aux séparatistes tchétchènes. Le Kremlin a clamé victoire dans la guerre contre les rebelles islamistes en Tchétchénie mais le chef des insurgés Dokou Oumarov, qui combat pour l'établissement d'un émirat islamique sur l'ensemble du Nord-Caucase, a juré le 15 février dernier de transporter la guerre jusque dans les villes russes. "Le sang ne se limitera plus aux villes du Caucase. La guerre viendra dans leurs villes", a-t-il dit dans une interview diffusée par le site rebelle islamiste kavkazcenter.com. Notons que de son côté, le président tchétchène Ramzan Kadyrov a condamné les attentats perpétrés hier matin dans le métro de Moscou et appelé à éradiquer le terrorisme. "Nous combattrons les terroristes jusqu'à leur extermination complète. Les admonestations ne suffisent pas à éradiquer ce mal [...] Les terroristes seront anéantis sans merci s'ils opposent une résistance armée", a-t-il déclaré. Le leader tchétchène a souligné: "Il s'agit d'un nouveau défi lancé par le terrorisme à l'Etat et à la société".