En l'absence de solutions concrètes, l'intersyndicale menace de reprendre le débrayage illimité. La contestation des praticiens de la santé publique reprend de plus belle. Samedi prochain, ils tiendront un sit-in dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha-Pacha à Alger. A la différence des précédents, ce rassemblement verra la participation de médecins venus de toutes les wilayas du pays. C'est ce qu'a déclaré le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), joint hier par téléphone. «Ce rassemblement a pour objectif de montrer notre attachement à nos revendications socioprofessionnelles», a affirmé le Dr Merabet. Pour ce dernier, cette manifestation porte le message de 30.000 praticiens en colère. Lequel message est adressé aux pouvoirs publics. «Nous sommes dans l'échec du dialogue social», a déclaré le représentant du Snpsp. C'est l'impasse! Les réunions de conciliation entre le ministère de la santé et l'intersyndicale se sont terminées en queue de poisson. «Les représentants du ministère de la Santé n'ont proposé aucune solution concrète», a réitéré le Dr Merabet. Aussi, notre interlocuteur a mis en exergue l'ambivalence qui caractérise la démarche des pouvoirs publics par rapport à leur dossier. Pour ainsi dire, la politique de la carotte et du bâton semble renforcer leur conviction de la justesse de leurs revendications. Pour la carotte, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, «a reconnu à maintes reprises la légitimité de nos revendications», a rappelé le Dr Merabet. Pour le bâton, le même ministre a qualifié la grève des praticiens d'illégale. Fort d'une décision de justice, M.Barkat a menacé de sanctionner les médecins grévistes. «Ou les médecins grévistes reprennent le travail ou les mesures prévues par la réglementation régissant les relations de travail seront immédiatement appliquées», avait-il déclaré à Constantine, samedi dernier. Pour sa part, le Dr Merabet a indiqué que l'intersyndicale des praticiens n'a pas été destinataire de la décision de justice leur ordonnant de reprendre le travail. «Le recours systématique à la justice vise à briser toute contestation sociale émanant de syndicats autonomes.» a averti, en outre, notre interlocuteur. Face à cette situation, l'intersyndicale a décidé d'ajouter deux points à sa plate-forme de revendication. Ces points concernent le droit de grève et celui de mener des activités syndicales. Dans ce contexte, subsiste une grande inconnue: l'issue de la démarche entamée au niveau de la présidence de la République. «Pour le moment, nous n'avons reçu aucune réponse de l'institution présidentielle», a signalé le président du Syndicat. Cela dit, ce dernier reste optimiste quant à l'aboutissement favorable à leur cause de ce procédé. «Pour peu qu'il y ait une volonté politique, la solution existe. Il s'agit, tout simplement, de mettre en place des mécanismes à même d'apporter des réponses concrètes à nos doléances. Encore une fois, nous revendiquons des conditions qui puissent nous permettre d'exercer notre métier dans la dignité», a maintenu le président du Snpsp. Le cas échéant, les praticiens n'excluent pas de reprendre le débrayage illimité. Pour plus de visibilité, le Snpsp et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) tiendront une réunion à Alger, vers la fin de cette semaine. Les travaux de cette séance porteront sur les modalités du rassemblement prévu à l'hôpital Mustapha-Pacha. A cette occasion, l'intersyndicale fera le point du mouvement de contestation entamé depuis quatre mois. Entre-temps, les structures de base des deux syndicats tiennent des assemblées générales au niveau des structures sanitaires et publiques, à travers le territoire national. Ces assemblées s'inscrivent dans le cadre d'une campagne d'information et de sensibilisation de proximité.