Si une nouvelle date a été fixée pour la rencontre Benflis-Sidi Saïd, rien n'indique en revanche si les divergences seront aplanies ou pas. Comme indiqué dans notre édition d'hier, un coup de théâtre est venu perturber la «sérénité» qui avait l'air d'entourer la rencontre initialement prévue pour aujourd'hui entre le Chef du gouvernement, Ali Benflis, et le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd. Cette rencontre, en effet, vient d'être officiellement reportée. L'annonce en a été faite du côté de la Centrale syndicale alors que les services de la chefferie du gouvernement continuent à se confiner dans leur silence, ne jugeant même pas utile de prévenir les médias que les accréditations des journalistes pour la couverture de l'événement doivent être annulées. Un coup de froid certain vient de s'installer. C'est indéniable. Des risques imminents planent sur la rentrée sociale. L'embrasement généralisé, écarté pendant un court temps, revient de nouveau pour occuper le devant de la scène médiatico-politique. Officiellement, ou presque, les raisons invoquées pour expliquer ce report pour le moins troublant et inquiétant, c'est que les deux parties veulent se donner le temps nécessaire pour bien ficeler les trois dossiers qu'elles auront à traiter lors de leur rencontre. Des sources crédibles et concordantes renchérissent pour confirmer ces dires, non sans ajouter que ceux-ci comportent, toutefois, en filigrane des motifs autrement plus graves. Si le gouvernement et l'Ugta ont convenu d'un commun accord de s'accorder un délai supplémentaire d'une semaine, c'est que des points d'achoppement assez graves ont dû se faire jour lors des négociations préliminaires. Il n'est un secret pour personne, en effet, que la bipartite ne se tient que pour formaliser officiellement des points déjà débattus et autour desquels des avis consensuels ont pu être établis. Il est sûr, comme nous avons pu l'apprendre de certaines sources, que le blocage cette fois vient de l'Ugta. Sidi Saïd l'a clairement et publiquement signifié à maintes reprises depuis plus d'un mois. «Cette rentrée ne sera pas comme les autres. L'Ugta a trop longtemps joué au pompier pour venir en aide à un pays mis en péril. Aujourd'hui, l'Algérie n'est plus dans la zone rouge. Au contraire, les caisses de l'Etat n'ont jamais été aussi pleines que maintenant.» Bref, la Centrale n'ira pas à la bipartite sans être sûre de revenir avec des acquis immédiats et palpables en direction de ceux qu'elle représente. Il y va, nous dit-on de sources proches de celle-ci, «de sa crédibilité, voire de sa survie». Sidi Saïd, donc, est résolu à obtenir quelque chose de concret et de solide avant d'accepter de s'asseoir autour de la même table que Benflis. Ces revendications, croit-on savoir, concernent une revalorisation du statut général de la Fonction publique, une hausse des pensions de retraite et une meilleure gestion des différentes prestations sociales dispensées par la Cnas. Sur ces points, l'Ugta, nous dit-on, est résolue à camper sur ses positions et à aller jusqu'au bout de sa logique. En clair, si aucun accord n'est trouvé d'ici au 8 septembre prochain, la bipartite peut ne pas se tenir, ce qui pousserait la Centrale à aller vers des grèves nationales histoire de se faire entendre. Ce scénario, pour sombre qu'il soit, n'est pas totalement exclu. A moins qu'un coup de théâtre n'intervienne au dernier moment pour ouvrir un peu les soupapes sociales grâce à cette manne financière inespérée et aux instructions très fermes du Président de la République qui, nous dit-on, suit de très près l'évolution des contacts entre les partenaires de la bipartite, et aurait même donné des instructions au gouvernement pour accorder des concessions au front social en train de s'embraser avant qu'il ne soit trop tard.