Pour son retour sur la scène politique depuis sa démission, Blair a choisi le village de Trimdon, dans son ancienne circonscription du nord-est de l'Angleterre. L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair a signé hier son retour sur la scène politique nationale en rendant un hommage appuyé à son successeur Gordon Brown à quelques semaines d'élections législatives indécises. «Les bonnes décisions ont été prises dès le début de la crise (financière). (...) A l'approche du péril, le monde a agi. Le Royaume-Uni a agi. La décision d'agir nécessitait de l'expérience, du jugement et de l'audace. Cela nécessitait des qualités de dirigeant. Gordon Brown en a fait preuve», a déclaré M.Blair. «Lorsque Gordon a cherché à unir le monde pour agir contre la crise financière, c'est venu naturellement. Il l'a comprise», a-t-il poursuivi dans un discours visant à galvaniser les troupes travaillistes derrière M. Brown qui lui a succédé en juin 2007 dans la perspective des législatives attendues le 6 mai. Pour son retour sur la scène politique depuis sa démission, il a choisi le village de Trimdon, dans son ancienne circonscription du nord-est de l'Angleterre. C'est là qu'il avait annoncé sa démission en mai 2007. Après avoir accusé plus de vingt points de retard sur le parti conservateur, son principal rival pour les législatives, le Labour a réduit l'écart à moins de dix points dans les sondages, ce qui pourrait lui permettre de se maintenir au pouvoir. M.Blair a dénoncé la «confusion» dans les positions des conservateurs: «Où que vous regardiez, là où vous cherchez des certitudes, vous ne trouvez que de la confusion». Les Tories «semblent être soit l'ancien parti conservateur et vouloir le cacher, soit ne pas être certains de la voie à suivre. Dans les deux cas, ce n'est pas une bonne nouvelle», a poursuivi M.Blair. Gordon Brown a accueilli favorablement la participation de Tony Blair à la campagne, saluant les déclarations de son prédécesseur sur le «risque réel, le danger réel, la menace réelle posés par le parti conservateur». Tony Blair a dirigé le gouvernement britannique de 1997 à 2007. Il a quitté son poste prématurément, affaibli par sa décision d'engager le Royaume-Uni en Irak en 2003 et sous l'intense pression des partisans de Gordon Brown. Sa dernière apparition publique au Royaume-Uni remonte à son audition devant la commission d'enquête sur l'Irak fin janvier à Londres. Il avait relancé la polémique en affirmant qu'il ne regrettait pas sa décision d'engager les Britanniques aux côtés des Américains en 2003. Hier, une poignée de manifestants pacifistes l'ont accueilli à Trimdon, noyé dans le brouillard. L'un d'eux brandissait une pancarte «Blair, criminel de guerre». «J'ai voté pour lui la première fois, mais je ne pense pas qu'il ait accompli quoi que ce soit pour le pays, donc je ne pense pas (que ce déplacement) fera une quelconque différence», a confié Tina Davidson, mère au foyer de 31 ans. «Il a tout simplement rechargé nos batteries. Mais aura-t-il un impact sur l'élection? Je ne sais pas. Il y a un certain nombre de personnes au sein du parti qui ne sont pas contentes à cause de la guerre en Irak», a relevé Derrick Brown, 62 ans. Depuis son départ, Tony Blair est l'émissaire du Quartette au Proche-Orient. Il a été critiqué pour avoir multiplié les contrats lucratifs - conseiller d'un assureur suisse, d'une banque américaine, conférencier grassement payé...- qui ont fait de lui l'un des Premiers ministres les plus riches de l'histoire. «Bien que la popularité de Blair soit plus faible au Royaume-Uni que dans les autres pays à cause de l'Irak, son soutien est toujours considéré comme ayant du poids auprès des électeurs indécis», a relevé Patrick Wintour, correspondant politique du Guardian.