Les jours du Premier ministre britannique sont-ils comptés à la tête du gouvernement ? Bien avant même de commencer, la guerre a fait sa première victime dans les rangs du gouvernement britannique avec la démission de Robin Cook, «leader» de la Chambre des communes, ministre chargé des Relations avec le Parlement, Robin Cook et ancien secrétaire du Foreign office, qui a justifié sa décision en opposant des principes aux convictions de Tony Blair. Et une heure avant le coup d'envoi du débat parlementaire sur l'Irak, le 18 mars, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, John Denham, proclamait, à son tour, son désaccord avec la politique guerrière de Tony Blair en Irak. Avant que, Lord Philip Hunt, sous-secrétaire d'Etat à la santé, ne lui emboîte le pas. Mais la Chambre des communes autorisait le gouvernement britannique à entrer en guerre contre l'Irak. Tony Blair venait de surmonter la plus grande épreuve depuis son arrivée à la tête du pouvoir, il y a près de six années, et une fronde au sein même de son propre parti, New Labour (Parti travailliste). A la différence de George W.Bush qui a eu le soutien du Congrès et de la population américaine, Tony Blair a été obligé d'aller à l'encontre de ses propres députés, mais avec le soutien des conservateurs. Avec ses 45.000 hommes, les troupes anglaises sont les plus nombreuses sur le champ de bataille après les troupes américaines. En outre l'Angleterre est le seul pays du Vieux Continent à s'impliquer directement dans cette guerre. D'ailleurs les premières victimes ont été enregistrées dans le camp britannique. En effet, hier, deux hélicoptères de la Marine royale britannique, Sea King, sont entrés en collision dans les eaux internationales du Golfe arabo-persique tuant six membres de l'équipage britannique et un Américain a bord, a annoncé le porte-parole des forces britanniques dans le Golfe, le colonel Al Lockwood, dont le commandement central est au Qatar. Cet accident est le deuxième impliquant des hélicoptères de la coalition depuis le début de la campagne militaire. Vendredi, huit Royal Marines britanniques et quatre Marines américains sont morts dans le crash d'un hélicoptère américain CH-46 Sea Knight peu avant l'aube au Koweït. Cette position de l'obstiné Premier ministre a eu l'avantage de mettre à nu les divergences existant au sein du Parlement européen dont l'unité est cruellement mise à mal par la guerre américano-britannique et risque de mettre en péril les relations de l'Europe avec l'hyperpuissance américaine comme a tenu à le souligner le Chef de la diplomatie de Moscou, Igor Ivanov. En dépit d'une déclaration commune, les Chefs de l'Etat européens qui ont adopté une déclaration commune, sont sur des charbons ardents. Un consensus qualifié de façade par le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Entre les partisans d'une Europe forte n'hésitant pas à afficher sa différence face aux Etats-Unis, emmenés par le couple franco-allemand, contre des pays attachés à la primauté du lien transatlantique - Grande-Bretagne et Espagne en tête - les Quinze demeurent sceptiques quant à une position à prendre dans ce conflit du fait que l'unité de l'Europe est mise à rude épreuve de par la position britannique. A la différence de nombreux personnages publics, Tony Blair n'a pas construit son destin autour d'une solide ossature idéologique. Ses certitudes politiques se nourrissent en partie de ses convictions religieuses. Pendant les combats, Tony Blair n'aura qu'une faible prise sur le cours de l'Histoire. A terme, son destin politique dépendra des généraux américains, des missiles Tomahawk et des tempêtes de sable. Brève et victorieuse, sans trop de sang versé, la guerre lui donnera raison et rehaussera sa stature. Longue et humainement coûteuse, elle minera gravement son autorité. Tony Blair joue gros, et il le sait. Mais, ancré dans ses convictions, il n'affiche ni trouble ni regret.