«Un touriste qui n'est pas bien accueilli est un client perdu.» Quand des pays comme le Maroc et la Tunisie, pour ne citer que ces voisins, vivent des rentes du tourisme, l'Algérie continue à compter sur ses ressources souterraines. Le tourisme est une alternative incontournable pour l'après-pétrole. La wilaya de Bouira, à l'instar des autres régions du pays, dispose d'un potentiel immense dans le secteur. Si du côté de la nature le problème ne se pose pas, l'apport humain dans le développement du créneau laisse à désirer. Sur le plan des infrastructures par exemple, le chef-lieu dispose de deux hôtels réalisés dans le cadre de l'investissement privé, qui ne peuvent à eux seuls répondre à une demande nationale. Les hôtels «Sofy» et «Royal» offrent les services et prestations à une clientèle souvent de passage. Ces deux structures ne développent pas des formules attractives susceptibles de cibler les familles, les touristes désireux de séjourner dans la région... La majorité des clients pensionnaires de ces deux structures sont des missionnaires, des cadres d'entreprises en exercice sur le territoire de la wilaya, à l'image des cadres du groupe Lavallin ou Citic... Le Centre national du sport et des loisirs de Tikjda (Cnlst), Epic relevant du ministère de la Jeunesse et des Sports et situé en plein centre du Parc national du Djurdjura, est venu combler le vide laissé après le sabotage du complexe «le Djurdjura». Depuis son ouverture, le Cnlst se bat pour sa survie. Une partie des chambres avait été un moment cédée au Comité olympique algérien. Rien de ce qui avait été promis ne s'est réalisé et la partie refaite avec l'argent du contribuable est restée fermée et devenue un litige entre les deux administrations qui, pour une histoire de chauffage, de marché... s'accusent et se rejettent la responsabilité. Au mois de février de l'année dernière, la directrice des ressources humaines et de la formation au ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, avait, lors d'une conférence sur le développement du tourisme, insisté sur la nécessité de former le personnel actif dans le secteur du tourisme. Tous les établissements et professionnels du tourisme doivent disposer de compétences. Pour la responsable des RH au ministère, «les ressources humaines doivent être qualifiées et répondant aux normes mondiales». Cette donne incombe aux opérateurs l'obligation d'assurer des cycles de formation et de recyclage au profit de leur personnel. Sur ce plan, la politique adoptée par le ministère du Tourisme consiste à former 144.000 personnes d'ici l'année 2015. Un objectif qui traduit la nécessité et aussi l'urgence pour redynamiser ce secteur. «La clé de réussite du tourisme, c'est le potentiel humain», disait en substance la directrice. Reconnu et diagnostiqué comme véritable obstacle entravant le programme de développement du tourisme, les responsables et les spécialistes misent sur l'«accueil». «Un touriste qui n'est pas bien accueilli est un client perdu.» Pour cela, nous devons avoir, au niveau des structures touristiques, des professionnels qui proposeront et offriront des prestations de haut standing. La nature à elle seule ne suffit pas même si la montagne, la mer, le Grand Sud, les stations thermales restent des destinations très prisées par les touristes étrangers. En attendant, le tourisme local peut occuper les places vacantes au sein de structures où les prix sont de loin, supérieurs aux prestations. Nombreux sont les professionnels qui privilégient les prix exorbitants sur le service très souvent en deçà de la norme. Afficher des nuitées à plus de 3000 DA, servir une purée-steak que le dernier gargotier vous cèdera pour 150 DA mais avec une meilleure saveur, agrémenter le tout d'une banane... n'intéressera personne si on excepte ceux qui ne déboursent rien de leurs poches.