De l'évasion et de l'animation ont rythmé durant l'été cette charmante cité côtière qui se trouve à la lisière de la frontière algérienne. Notre collaboratrice a couvert en août dernier le «Tabarka World Music 2003», que nos lecteurs n'ont pu suivre pour cause de suspension de notre journal. Aujourd'hui, elle revient sous forme de carnet de voyage, sur les péripéties d'un festival haut en couleurs. Lorsqu'on traverse les frontières d'Annaba, c'est un nouveau pays qui nous accueille. La Tunisie, - Tounes El Khadra - comme on se plaît à la surnommer, devient chaque été un carrefour du tourisme incontournable, prisé par des milliers de vacanciers, notamment, les Algériens. Selon Ahmed Slouma, directeur de l'Office national du tourisme tunisien (l'Ontt), l'Algérie occupe la 5e position par la venue, cette année, de pas moins de 800.000 personnes, attirées par la beauté et la richesse de ses paysages et les bons services qu'elle offre dans tous les domaines. Un tourisme basé essentiellement sur - la compétitivité, la qualité du produit et la durabilité -, précise notre interlocuteur. En réalité, le tourisme est pour la Tunisie ce qu'est le pétrole pour sa voisine de l'Ouest, l'Algérie. Il ne fait pas de doute dès lors que les étés festifs tunisiens sont placés sous le signe de cette manne irremplaçable, d'où le comportement convenable des responsables du tourisme tunisien et l'accueil chaleureux réservé aux visiteurs. En fait, cet accueil est l'un des éléments déterminants dans les relations de la Tunisie avec les autres pays en général, et l'Algérie en particulier. Les devises que les touristes algériens laissent chez nos voisins de l'Est ne sont point à dédaigner en effet. Ce qui a fait rectifier le tir aux autorités frontalières tunisiennes, alors quelque peu cavalières avec les nationaux algériens. Sachant que le tourisme est un facteur de santé et de développement économique pour un pays, la Tunisie a pris en considération cet aspect de la question en faisant du tourisme un vecteur fondamental du développement économique du pays en axant ses efforts sur la mise en valeur de ses sites touristiques en vérité très beaux et surtout répondant aux normes les plus pointues en matière touristique. Il y avait un prix à payer et certes, la Tunisie a fait en sorte de le payer. A défaut de pétrole, les Tunisiens ont su faire de leur tourisme un palliatif fort honorable. Il est vrai aussi que les autorités tunisiennes n'ont pas lésiné sur les moyens mis en oeuvre pour assurer le succès et la pérennité du nouveau tourisme : le tourisme festif. L'idée n'est pas si nouvelle que cela, mais elle s'inspire de la fameuse expérience lancée dans les années 60 par un jeune Tunisien très dynamique, Lotfi Belahsin, actuellement installé en Belgique. Ce dernier avait mis en place dans un petit village de vacances un festival baptisé: - Ne pas bronzer idiot -. Ainsi, voilà comment est né le tourisme festif. Aujourd'hui, la Tunisie compte pas moins de 3500 festivals répartis à travers ses différentes régions entre autres Tabarka, Carthage, Hammamet, Tozeur, Nabel et qui constituent un large cycle annuel ouvrant la Tunisie sur le monde durant toutes les saisons et offrant le dépaysement recherché, notamment par les Occidentaux. Des festivals à même de fournir d'énormes bénéfices et entrées d'argent pour le pays sans oublier les retombées positives relayées par son image de marque. La Tunisie a su trouver la parade...Belle et altière par ses montagnes et ses bois, Tabarka, à quelques encablures de la frontière algérienne, a ouvert en ce début d'été le cycle estival. Outre le corail rouge qui fait sa fierté et sa richesse marine, (en fait Tabarka fait suite à la région corallifère d'El Kala, de réputation mondiale), cette ville a su se forger, au fil des années, une renommée devenant ainsi une escale incontournable par ses différents festivals et concerts estivaux pour des milliers de touristes. -Tabarka c'est la cendrillon du tourisme tunisien, c'est une très belle région, très sympathique. Il y a la mer, la montagne, la forêt, le corail». Voilà comment est présentée Tabarka par les Tunisiens eux-mêmes. Notre arrivée à Tabarka a coïncidé malheureusement avec la période de suspension de notre journal L'Expression. Ce qui aurait dû être un envoi au jour le jour est devenu, par la force des choses, un carnet de voyage où nous tenterons de restituer les moments forts du World Music Festival de Tabarka.