Le ministre de l'Immigration qui a essuyé une volée de bois vert lors du débat très controversé sur l'identité nationale, a présenté un projet de loi mercredi en Conseil des ministres. Il a pour objectif de durcir les conditions d'entrée sur le territoire français, de renforcer sa politique «d'immigration choisie», mais surtout de pouvoir procéder à des expulsions à tour de bras. La politique d'immigration de Nicolas Sarkozy a pour objectif de réaliser 27.000 expulsions annuellement. Une mission largement remplie par Eric Besson qui a atteint le chiffre de 29.000 reconduites à la frontière en 2009. Le ministre de l'Immigration, qui a été désavoué par les juges au mois de janvier 2010 suite à la remise en liberté de 123 Kurdes syriens, vient de donner un sérieux tour de vis aux conditions d'entrée et de séjour sur le territoire français. Le nouveau dispositif prévoit la création d'une zone d'attente temporaire lorsqu'un groupe d'étrangers a franchi la frontière en dehors d'un point de contrôle. La durée de rétention de ces personnes potentiellement expulsables est prolongée de 15 jours. Elle doit passer de 30 à 45 jours. L'expulsion peut être accompagnée d'une mesure d'interdiction de séjour dont la durée peut atteindre trois ans. Et comme on ne peut brandir le bâton sans tendre la carotte, Eric Besson prévoit d'accélérer l'accès à la nationalité française aux bons élèves. Ceux qui auront fourni des efforts et montré des signes d'intégration. Le seul point du projet de loi qui pourrait faire l'unanimité: les sanctions pénales, financières et administratives contre les entreprises qui recrutent des travailleurs étrangers sans papiers. Sévèrement critiqué pour ce projet de loi, le cinquième en l'espace de sept ans sur l'entrée et le séjour des étrangers, Eric Besson a vu son texte être qualifié de «restriction inacceptable des droits des immigrés et d'un recul de l'Etat de droit» par le Parti socialiste. La formation politique de Martine Aubry, qui vient d'infliger une rouste cinglante à la majorité présidentielle lors des élections régionales du 14 et 21 mars 2010, a annoncé d'ores et déjà qu'elle s'opposerait «lors de son examen au Parlement à un texte qui constitue un recul de l'Etat de droit dans notre pays». Les associations d'aide aux migrants sont elles aussi, montées au créneau pour dénoncer un projet «très déséquilibré», comme l'a qualifié France terre d'asile. «Du seul fait de leur arrivée, les étrangers dépourvus de documents, même demandeurs d'asile, se trouveront ipso facto en zone d'attente, c'est-à-dire enfermés et privés de leurs droits», a regretté le groupe d'information et de soutien des immigrés, le Gitsi. Après les tests ADN, la burqa, le débat sur l'identité nationale, Nicolas Sarkozy tente, à travers sa politique de l'immigration, de chasser sur les terres du Front national pour tenter de rééditer son exploit de 2007 et pouvoir rester à l'Elysée en 2012.