Rappelant le caractère pacifique de leur action, les citoyens affirment qu'ils ne veulent pas se substituer aux services de sécurité. Au onzième jour de captivité, aucune trace du vieux H. Ali qui reste encore entre les mains de ses ravisseurs. Les villageois de Aït Koufi, assistés par la solidarité des populations des cinq communes de la daïra de Boghni, maintiennent toujours leur refus de payer une rançon pour la libération de la victime. Aussi, les comités de village réunis dans une coordination élargie tenaient hier à rappeler, d'une part, le caractère pacifique des actions déjà entreprises et celles à venir. D'autre part, ils ont tenu à exprimer leur refus de se substituer aux forces de sécurité. Ce recadrage et cet éclaircissement a, notons-le, été rendu nécessaire par ce que les citoyens de la localité d'Aït Koufi ont qualifié de tentative de manipulation de certains médias qui orientent la lecture des événements vers une confrontation entre les citoyens et le terrorisme. Evidemment, le terrorisme est dénoncé et rejeté dans toutes ses formes. Hier, à Aït Koufi, les villageois étaient toujours mobilisés pour la libération de leur concitoyen en attendant les décisions de la réunion de l'après-midi. Selon des sources locales, cette assemblée qui s'était déroulée tard dans l'après-midi, était consacrée à la concertation et à l'analyse de la situation onze jours après l'enlèvement. Cette même rencontre était destinée à élaborer une panoplie d'actions toujours pacifiques pour les jours à venir au cas où la victime n'aura pas été relâchée. Par ailleurs, jusqu'à une heure tardive de la journée d'hier, aucune nouvelle n'a filtré sur le sort du vieil entrepreneur en captivité. Le statu quo était toujours de mise. Vraisemblablement, les jours qui viendront verront la solidarité citoyenne s'élargir vers d'autres localités. Les exemples de l'évolution de ce genre de situations sont nombreux. A Iflissen, dans la région de Tigzirt, le village d'Isennajen a recouru à la solidarité des villages voisins et a vu toutes les communes du littoral accourir. La mobilisation qui a suivi l'enlèvement du commerçant a abouti à sa libération sans conditions. Toutefois, il convient de signaler que dans le cas d'Iflissen, le contact avec les ravisseurs n'a jamais été rompu contrairement à celui d'Aït Koufi. Néanmoins, cette situation confuse, expliquent certains citoyens de la région, trouve des corrélations évidentes avec l'état d'insécurité qui y règne depuis près d'une décennie. La récurrence des actes de banditisme pendant des années sans relâche était, pourtant, un indicateur de la déliquescence de la situation sécuritaire. Un état de fait qui indigne les populations qui ont continué à vivre dans ce climat délétère. Les actions qui ont suivi le kidnapping ont eu, toutefois, comme effet, de délier les langues. A présent, on parle de cinq cas d'enlèvement mais aussi de dizaines d'autres mais dont les victimes ont préféré payer et garder le silence. La mobilisation a brisé l'omerta entretenue sur ce phénomène.