Pour la quatrième fois, la coordination de comités de village de la daïra de Boghni lance un autre ultimatum aux ravisseurs de l'entrepreneur pour sa libération sans conditions. L'ultimatum prend fin aujourd'hui après-midi. Cette décision a été prise à l'unanimité lors de la réunion d'hier. Les villageois ont également pris la résolution de poursuivre leur action jusqu'à la fin de ce bras de fer qui est à son treizième jour. Toutefois, près de deux semaines après, plusieurs points peuvent être mentionnés quant à la situation qui prévaut dans la localité et dans toute la région par ricochet. Tout d'abord, il devient évident que les populations se sentent abandonnées, livrées à elles-mêmes. Jusqu'à hier aucune réaction d'une quelconque partie n'est venue apporter sa solidarité. Il est tout aussi incontestable que les prolongements successifs des délais est un signe de désarroi d'une population qui n'a pas les moyens d'affronter, à elle seule, la situation. Aucune autorité ne semble réagir à ce conflit et encore moins les quatre partis politiques en exercice au sein des assemblées qui n'ont pas émis le moindre signal de présence au côté des villageois. Pourtant, avant-hier, lors de leur assemblée qui a précédé la sortie de milliers de citoyens dans les maquis, les villageois ont réaffirmé le caractère pacifique de leur mouvement et qu'ils ne voulaient pas se substituer aux services de sécurité. Pour les observateurs, le prolongement de cette situation risque d'alimenter encore davantage le climat délétère déjà palpable. A présent, l'inquiétude est maître des lieux dans toute la région. Des actes de banditisme viennent encore s'ajouter à ce qui prévaut actuellement. Rien que ce week-end, un bureau de poste a été cambriolé en plein chef-lieu de la commune de Assi Youcef. La veille, c'est un autre bureau de poste qui a vécu la même rapine non loin de là, à Aït Abdelmoumen. Malgré ses capacités humaines et naturelles, la région accuse un énorme retard dans son développement économique. Les investissements privés, bien que soutenus par des organismes étatiques, fuient la wilaya pour aller sous d'autres cieux plus cléments. Parallèlement donc à cette pauvreté économique, les populations n'ont pas cessé d'être harcelées par un banditisme qui sème la peur et l'insécurité. Réduite à se défendre toute seule, la population n'hésite pas à retourner aux structures traditionnelles. Les exemples sont légions. Depuis quelques années, les familles victimes de kidnappings, après un long silence, se sont rabattues sur la solidarité villageoise. A Iflissen, à Ouacifs, à Boghni, les villageois se sont unis face à l'insécurité. Cependant, il est à s'interroger sur les conséquences qui découleront d'un bras de fer qui va mal se terminer.