Il n'y a aucune nouvelle sur le sort d'un citoyen enlevé dans la région de Tizi Ouzou. Quatorze jours se sont écoulés depuis l'enlèvement de Aâmi Ali par des individus inconnus près de son village Aït Koufi à Tizi Ouzou. La patience des citoyens a atteint ses limites. Ils ont prolongé une énième fois leur ultimatum à l'encontre des ravisseurs en vue de la libération sans conditions de l'otage. Hier après-midi, prenait fin le cinquième ultimatum. La population campe encore sur sa décision de ne pas céder au chantage des ravisseurs. Dans la région en général et à Aït Koufi en particulier, l'inquiétude régnait en maître absolu. Les questionnements se font de plus en plus persistants. L'interrogation est d'autant plus légitime car le maintien de cet octogénaire en captivité est une source indéniable d'une colère qui ne fait qu'augmenter. «Nous ne savons pas s'il est encore vivant», affirmait un jeune interrogé sur d'éventuels contacts avec les ravisseurs. Une chose est cependant certaine. La coordination des comités de villages de la daïra de Boghni ne compte pas baisser les bras. Une autre battue a été effectuée hier après-midi. Des milliers de citoyens ont participé aux recherches dans les forêts entourant les communes d'Assi Youcef, Aït Mendès, Bounouh et Boghni. «Nous continuerons nos actions jusqu'à la libération de Aâmi Ali sain et sauf et sans aucune condition préalable», disent les habitants. Cependant, si la population est de plus en plus gagnée par l'inquiétude, il n'en demeure pas moins que la volonté de mener le combat jusqu'au bout est largement partagée. Un autre point est à mettre à l'actif de ces actions. Après deux semaines du début de cette affaire, les langues commencent à se délier. L'omerta qui entourait ce genre d'actions a été brisée par la solidarité villageoise qui s'intensifie de jour en jour. A présent, les gens parlent de ce genre de crimes sans aucune peur. Ainsi, bien que l'inquiétude sur le sort du vieil entrepreneur soit des plus grandes, il est à noter que la peur recule malgré les actes perpétrés au niveau de la poste d'Assi Youssef ce week-end. «Nous sommes décidés à faire reculer le banditisme qui nous rend la vie insupportable depuis des années», jurait un autre jeune. En effet, les populations de la région ont, depuis ce dernier enlèvement, pris conscience de l'importance de la solidarité villageoise. «Nous ne pouvons que compter sur nous-mêmes. Il n'y a personne à nos côtés», affirmait un autre citoyen que nous avons interrogé sur l'absence d'aide d'autres parties. Cette réponse renseigne en fait sur l'état d'esprit d'une population épuisée par deux semaines de bras de fer avec des ravisseurs invisibles et insaisissables. Affronter un pareil problème avec comme seule arme la dignité relève de l'exploit. Un cas que l'on ne voit qu'en Kabylie et nulle part ailleurs. Enfin, rappelons également que le bras de fer engagé avec les ravisseurs pourrait durer longtemps et risque aussi de mener à des dérapages. L'issue doit interpeller beaucoup de parties qui ne seront plus écoutées si l'irréparable est commis.