Pendant trois jours, Tikjda a vécu des moments qui resteront gravés à jamais dans la mémoire des milliers de personnes qui ont assisté à la première édition de son festival. Sur décision du wali, la direction de la culture a organisé cette édition expérimentale en plein air. Le choix du lieu n'est pas fortuit. La région a vécu pendant une décennie les affres de la destruction. L'objectif premier de ce rendez-vous est la relance du tourisme sur un site qui reste l'un des meilleurs d'Algérie et les nombreux présents ont eu à apprécier le cadre idyllique de cette station. Pour donner un cachet particulier à la manifestation et l'ancrer dans son contexte évolutif, les organisateurs ont invité des sommités de la chanson nationale. Le choix de Benzina et de Lounis Aït Menguellet pour l'ouverture était judicieux. Venus des wilayas limitrophes, en l'occurrence Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès et Bouira bien sûr, ils étaient des milliers à être présents pour écouter et apprécier le must des styles kabyles et Constantinois en matière de chant. Pendant une bonne heure, le rossignol constantinois passera en revue un répertoire riche mais surtout apprécié par les nombreuses familles présentes. Lounis, de son côté, prendra le relais pendant deux bonnes heures entonnant les multiples succès qui ont fait de lui un leader incontestable du chaâbi kabyle. Prenant le temps approprié, l'artiste répondra à toutes les demandes de son public. Ni le poids des ans, ni le froid n'ont pu atténuer la disponibilité du maître. Le public constitué en majorité de personnes dépassant la quarantaine, a écouté avec nostalgie les tubes de Lounis. Il y a lieu de signaler que le terrain de sport réservé aux familles s'est vite avéré trop exigu devant l'affluence de ce premier jour. Quant à la seconde journée, elle verra le passage de plusieurs artistes natifs de la région comme Amrani, Oudjrih mais aussi la diva du chant algérois, Radia Adda. Là aussi, les milliers de jeunes qui ont occupé les alentours du stade ont eu l'occasion de danser et de se défouler sous les regards vigilants des forces de l'ordre, de la Protection civile prêts à intervenir à tout moment. Nombreuses sont les familles qui ont préféré rester sous les cèdres et écouter de loin le récital de chaque artiste surtout que côté sonorisation, la direction de la culture a fait appel à des professionnels. Comme il fallait s'y attendre, le dernier jour sera le plus dur car étant celui de la fournée de repas, le vendredi. La présence de Chenane Kamel, un artiste très prisé dans la région, n'allait pas faciliter la tâche aux organisateurs. Le lieu s'est vite avéré trop petit pour contenir la foule. La présence aussi de troupes comme Raïna raï, les Abranis et Rock Bouira était synonyme de rythme et qui dit rythme dit danse. Le désir de danser chez la majorité des jeunes s'est vite estompé en raison de l'exiguïté des lieux. Certains tenteront alors de rentrer dans la surface réservée aux familles, fait que les organisateurs n'ont pas voulu admettre. Malgré tout, cette première édition est quand même une totale réussite sur tous les plans. La direction de la culture a frappé un grand coup et donne une opportunité aux milliers de visiteurs de renouer avec la nature. Beaucoup ont découvert les structures hôtelières mais surtout des situations qui n'existent nulle part ailleurs. Ainsi, M.Omar Reghal, directeur de la culture à Bouira, dira à ce sujet: «Humblement, nous pensons avoir atteint l'objectif assigné à cette manifestation. Nous avons tenté d'allier l'utile à l'agréable. Faire découvrir la région et divertir les présents. L'expérience, la première nous a renseignés sur les points forts et les lacunes, nous nous corrigerons lors des prochaines éditions.» Une fiche technique dûment étudiée sera élaborée pour faire du Festival de Tikjda un événement annuel national. La forte présence famille à l'édition expérimentale est un constat qui oblige les responsables à réfléchir peut-être à un lieu plus spacieux, à prolonger la durée de l'événement au-delà de trois jours, et prévoir la prochaine édition en été parce qu'au mois de mars à Tikjda le mercure était encore bas.