“Le problème de l'augmentation de l'épidémie du VIH-sida en Algérie ne concerne pas les médecins seulement mais la société entière. Il faut créer plus de campagnes de sensibilisation et médiatiques pour faire connaître les moyens de prévention aux citoyens”, a annoncé hier, le Dr Skander A. Soufi, président de l'association AnisS de lutte contre les infections VIH-sida et de promotion de la santé. Cette déclaration a été faite au forum d'El Moudjahid dont le thème était axé sur “l'accès universel et le droit humain” dans le cadre de la Journée mondiale du sida. En effet, les jeunes représentent la couche la plus exposée au virus, et ce en raison du manque d'information. “Il faut cesser de ne s'intéresser qu'aux statistiques des cas atteints, mais penser aux personnes concernées. Nous devons agir tant qu'il est encore temps avec la mobilisation de la société civile”, a ajouté le Dr Soufi. Par ailleurs, selon une étude de l'Unicef, seulement 15 % des hommes et 10% des femmes ont des connaissances sur le mode de transmission et de prévention. Entre autres, lors de la conférence, le président d'AnisS a insisté sur l'accès universel et d'inclure toute les classes confondues de la population mais aussi, mettre en scène les leaders d'opinions pour briser les tabous. “Le chanteur Lotfi Double Kanon est le porte-parole d'AnisS. La jeunesse s'identifie à lui et il n'y a pas mieux pour faire passer un message”, a-t-il dit. Afin d'arriver au but escompté, le chanteur était présent comme interlocuteur. “Il y a beaucoup de malades qui ne sont même pas au courant de ce qui leur arrive. La plupart ne connaissent pas les préservatifs. Des jeunes, qui sont en découverte de leur sexualité, ne sont pas orientés et sont livrés à eux-mêmes. C'est à nous tous de les sensibiliser. Les tabous doivent être brisés”, a clamé Lotfi Double Kanon. Pour apporter plus de témoignages sur l'ignorance des jeunes sur le sida, un sidéen, Salim, la trentaine passée, était venu parler de sa maladie, tout en insistant sur la discrétion des photographes. “J'étais en Afrique du Sud, ignorant que voulait dire un préservatif et le sida, il m'a fallu une fois, une seule femme et je suis rentré complètement malade”, a-t-il dit avec beaucoup d'émotion. “Les gens n'en parlent pas, c'est un sujet tabou. En côtoyant des malades, j'ai fini par accepter ma maladie. Comme tout autre virus, j'ai 3 médicaments à prendre par jour. Mais les gens me fuient, ils croient qu'en me touchant, ils peuvent être contaminés”, a ajouté Salim. Le pays n'est pas gravement touché. Mais il faut poursuivre le combat et la prévention avant qu'il ne soit trop tard. Durant cette année, il y a eu 1 011 de cas cumulés, soit un total de 4 048 de séropositifs en Algérie. Selon les statistiques de l'OMS, le pays compterait 21 000 depuis 1985.