L'association « AnisS » de lutte contre les IST/Sida et de promotion de la santé, connue pour son engagement et son activisme, n'a pas dérogé à ses traditions. Dans le sillage du travail de sensibilisation continu, ses membres réitèrent l'effort en organisant, durant un mois, une campagne d'information et de prévention contre les infections sexuellement transmissibles et du Sida. Sont associés à cette manifestation d'importance les directions de la santé et de la population, des affaires religieuses et des différents organismes culturels, étudiants et de jeunesse. La campagne, lancée mercredi dernier, concernera tous les milieux de jeunes de l'Est Algérien. Des centres de loisirs, des parcs d'attractions, des auberges de jeunesse, des boîtes de nuit, des centres de formation professionnelle, des cités universitaires, des lycées, des centres culturels, des salons de coiffure et des mosquées, repartis sur cinq wilayas, (Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf, Skikda) seront investis par les bénévoles de l'association spécialement formés pour animer des séances éducatives individuelles sur les IST/Sida basées sur des techniques de la communication interpersonnelles accompagnées de distribution d'outils adaptés à l'âge et au sexe. La campagne ciblera certaines catégories, souvent oubliées, à l'image des personnes en situation de handicap et des hémophiles. Parallèlement, un cycle de formation d'une nouvelle promotion d'intervenants dans la lutte contre le Sida se tient au siège d'AnisS dans le but de renforcer le nombre de relais d'information sur la maladie auprès des jeunes des cinq wilayas concernées. L'association a placé la barre haute en matière d'objectifs. Les intervenants tablent sur le chiffre de 50 000 jeunes de ces wilayas. « Les jeunes sont expressément ciblés car ce sont ces derniers qui encourent le plus de risques en raison notamment du fait que c'est le milieu où il est enregistré le plus grand nombre d'usagers de drogues injectables, de prostituées, permanentes ou occasionnelles, et de personnes mobiles (migrants, routiers…) ; ces derniers constituent les groupes les plus exposés à la contamination par le VIH/Sida et par les infections sexuellement transmissibles », relèvent avec insistance les animateurs de cette action de prévention. Officiellement, 5 000 personnes vivent avec le VIH dans notre pays, alors que des estimations plus réalistes parlent de 30 000 cas. L'Algérie, à l'instar des autres pays du monde arabe, enregistre une prévalence relativement faible, inférieure à 1% de la population générale. Cet état de fait procure souvent un sentiment de sécurité alors que la réalité est beaucoup plus alarmante. A vrai dire, ces chiffres occultent une autre réalité, celle de la concentration de l'épidémie chez certains groupes marginalisés de la société et connus aussi bien pour leurs pratiques à risque que pour leur accès difficile à l'information et aux services de santé. Nous citerons, à ce titre, les usagers de drogues injectables, les personnes migrantes ou en situation de mobilité et les minorités sexuelles. A ce propos, les résultats d'enquêtes officielles en Algérie confirment cet état de fait, puisque la prévalence du VIH/Sida chez les prostituées en Algérie est de 4%, alors que plus de 30% des usagers de drogues injectables seraient atteints de VIH/Sida ou d'hépatite. L'absence de données fiables sur la propagation de l'épidémie auprès des migrants et des homosexuels n'occulte pas pour autant que la forte exposition de ces deux groupes aux risques de contamination soit un fait connu et avéré à travers le monde. Il s'agit de tirer les conclusions de cette situation et d'agir avant que ces foyers du VIH/Sida ne se propagent à la population générale, situation synonyme d'une généralisation de l'épidémie avec les conséquences graves que nous pouvons imaginer. En effet, une grande part du drame de l'explosion du VIH/Sida dans d'autres régions du monde est imputée au manque d'intérêt accordé aux groupes les plus exposés à un moment où ces pays enregistraient une épidémie à faible prévalence. Dans ce cadre, l'association AnisS de lutte contre les IST/Sida et de promotion de la santé vient de représenter l'Algérie au Caire à la conférence régionale organisée par le plan des Nations unies au développement (P.N.U.D) dans le cadre de la mise en œuvre de son programme de lutte contre le Sida dans le monde arabe baptisé Harpas. Tenue en présence de hauts dignitaires religieux, d'imminents juristes et d'ONG, tous connus pour leur rôle actif par rapport aux questions de développement dans les différents pays arabes, la rencontre avait pour but d'aborder la problématique de l'identification des meilleures approches et stratégies d'accès aux groupes les plus exposés au VIH/Sida dans la région arabe marquée par des spécificités culturelles et sociétales.