Entre Alger et Paris les contentieux politiques se compliquent et les relations diplomatiques en prennent un sérieux coup. Protestant de manière officielle contre le refus du non-lieu au diplomate Mohammed Ziane Hasseni, l'Algérie a convoqué, mardi, au ministère des Affaires étrangères l'amabassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt. Selon l'agence officielle APS, il lui a été fait part de «la grande surprise et de la profonde préoccupation du gouvernement algérien» à la suite de la décision inattendue des juges français qui ont refusé d'accorder le non-lieu à Mohamed Ziane Hasseni. Pourtant, le non-lieu avait été requis par le parquet de Paris, en février dernier, et qui s'était fondé sur l'absence totale de charges contre ce haut fonctionnaire algérien. A cette occasion, «il a été fait part au diplomate français de la profonde inquiétude des autorités algériennes devant la démarche des magistrats instructeurs qui confirment la persistance de l'acharnement contre le haut fonctionnaire algérien» a rapporté la même agence ajoutant que «l'attention de l'ambassadeur de France a été, enfin, attirée sur le fait que cette décision constitue une nouvelle atteinte inacceptable au principe cardinal de la présomption d'innocence». Ainsi, le ministère des Affaires étrangères a chargé l'ambassadeur de France de porter à la connaissance des autorités de son pays «la nécessité d'un traitement diligent et définitif de cette affaire qui a porté un préjudice certain aux relations entre les deux pays et qui a soulevé la réprobation générale et la consternation des collègues du diplomate algérien, incriminé à tort et soumis à une pression intolérable depuis plus de vingt mois», a encore noté la même source. A la fin de mars dernier, le juge Alain Philibeaux décide d'écarter, contre l'avis du parquet, un non-lieu «prématuré» pour le diplomate algérien.Dans une ordonnance, le juge soutient qu'«il n'existe pas suffisamment d'éléments avérés mettant hors de cause Hasseni». Se contredisant, le même juge concède que les charges contre le diplomate, s'étant réduites, Hasseni sera mis en examen, non pas pour «complicité d'assassinat» mais de «témoin assisté». Le retour de cette affaire, qui traîne depuis 20 mois, empoisonnera davantage les relations politiques entre les deux pays, qui sont déjà dans un état comateux. Ce nouveau pic de tension ne sera pas pour apaiser la situation «malmenée» par les dégâts causés par l'affaire des moines de Tibhirine, l'inscription de l'Algérie sur la liste noire en passant par les propos irresponsables tenus par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a qualifié les responsables algériens de la génération d'indépendance, «d'obstacle à l'amélioration des relations algéro-françaises».